Voiture piégée Au moins 100 morts dans un double attentat en Somalie

ATS

30.10.2022 - 18:19

Au moins cent personnes ont été tuées samedi dans un double attentat à la voiture piégée revendiqué par les shebab sur une artère très fréquentée du centre de la capitale Mogadiscio. Des enfants figurent parmi les victimes.

Au moins 300 personnes ont été blessées dans l'attentat.
Au moins 300 personnes ont été blessées dans l'attentat.
ATS

Keystone-SDA

Environ 300 personnes ont également été blessées, a précisé le président Hassan Sheikh Mohamud, après s'être rendu sur le site des attentats, soulignant que «le nombre des morts et de blessés continuait à augmenter».

Deux véhicules piégés ont explosé samedi à quelques minutes d'intervalle. Les explosions, qui ont soufflé les fenêtres des bâtiments voisins, ont submergé les hôpitaux et cliniques, dans ce pays au système sanitaire ravagé par des décennies de conflit.

Couloirs encombrés de victimes

A la recherche de sa belle-soeur, Mohamed Ganey décrit des couloirs encombrés de victimes laissées presque sans soins. Sa joie de l'avoir trouvée a été de courte durée. «Elle est morte de ses blessures quelques minutes après».

L'officier de police Adan Mohamed a du mal à contrôler ses émotions. Il a été l'un des premiers à arriver sur les lieux, après l'explosion du second véhicule piégé.

«Je n'ai pas pu dormir de la nuit, à cause de l'horreur de la scène», confie-t-il à l'AFP en se souvenant du bébé qu'il a découvert avec ses collègues au côté de sa maman morte.

«J'ai pleuré et pleuré sans arrêt après avoir vu son visage couvert du sang de sa mère. Il ne pouvait même pas pleurer tellement il était sous le choc. Il restait là, à cligner des yeux, le regard fixe».

Revendiqué par les shebab

L'attaque a eu lieu au même carrefour qui avait déjà été frappé par le plus grave attentat jamais commis en Somalie: 512 personnes avaient été tuées le 14 octobre 2017 par l'explosion d'un camion bourré d'explosifs.

Le double attentat a été revendiqué par les shebab qui a déclaré que leurs combattants avaient visé le ministère de l'Education. Le groupe islamiste, lié à Al-Qaïda, combat depuis 2007 le gouvernement fédéral soutenu par la communauté internationale.

Il a été chassé de Mogadiscio en 2011, mais reste solidement implanté dans de vastes zones rurales, notamment dans le sud du pays et mène régulièrement des attaques dans la capitale et les grandes villes de Somalie.

Condamnations à l'étranger

La double attaque a été notamment condamnée par l'ONU, l'UE ainsi que l'Union africaine et la mission de l'ONU en Somalie qui s'est engagée à se tenir «résolument aux côtés de tous les Somaliens contre le terrorisme».

A Bruxelles, le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a condamné «fermement» ce double attentat, réaffirmant la détermination des Européens à lutter contre le terrorisme et à défaire le groupe shebab». Le pape François a lui présenté dimanche ses condoléances aux victimes.

Besoin de soutien

Le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déclaré que cet acte «lâche» démontrait que la Somalie avait besoin de plus de soutien pour mettre fin à la violence et à la sécheresse. L'Organisation mondiale de la santé s'est dite pour sa part prête à apporter son aide pour soigner les blessés et fournir des soins de traumatologie aux victimes.

Les shebab ont revendiqué l'attaque la semaine dernière contre un hôtel dans la ville portuaire de Kismayo qui a fait neuf morts et 47 blessés.

«Guerre totale»

Ces derniers mois, les shebab ont redoublé d'activité en Somalie, pays pauvre et instable de la Corne de l'Afrique, avec notamment un spectaculaire assaut, long d'une trentaine d'heures, fin août sur un hôtel de Mogadiscio.

Après cette attaque qui avait fait au moins 21 morts et 117 blessés, le président Hassan Cheikh Mohamoud avait promis une «guerre totale» pour éliminer les shebab et appelé la population à se «tenir à l'écart» des zones contrôlées par les islamistes qui allaient être visés par de prochaines offensives.

Les forces de sécurité et des milices claniques locales ont notamment lancé des opérations militaires dans le centre du pays, qui ont permis selon les autorités de reprendre du terrain aux combattants islamistes.

Outre l'insurrection shebab, la Somalie est également menacée par une famine imminente, provoquée par la plus grave sécheresse observée depuis plus de 40 ans.