FranceAu procès du 13-Novembre, des plaidoiries devant un box quasi vide
vey
31.5.2022 - 22:31
Le box des accusés est resté quasi-vide mardi au procès des attentats du 13-Novembre: neuf des onze accusés détenus, dont Salah Abdeslam, ont refusé d'assister à l'audience par «solidarité» avec l'un d'entre eux, «inquiet» de son état de santé.
Keystone-SDA, vey
31.05.2022, 22:31
ATS
Coïncidence ou pas, la «solidarité» était justement l'un des thèmes choisis mardi par les avocats des parties civiles pour leurs plaidoiries communes.
Pour les accusés frondeurs, il s'agit d'afficher leur soutien au Pakistanais Muhammad Usman, déjà absent du box lundi, qui attend en vain «depuis treize mois», selon son avocat, Me Edward Huylebrouck, une intervention médicale.
Souffrant d'un œil, Muhammad Usman «est légitimement inquiet pour son état de santé. Il ressent des douleurs depuis vendredi», a ajouté son conseil en demandant «un rendez-vous en urgence auprès d'un spécialiste». «À défaut, on sera contraint de solliciter une expertise pour voir s'il est en état de comparaître», a mis en garde Me Huylebrouck en précisant que son client était «navré qu'on doive en arriver là». «Son refus de comparaître n'est de gaîté de cœur ni pour nous, ni pour lui», a conclu l'avocat.
Solidarité des victimes
Près d'une vingtaine d'avocats de rescapés et de proches de victimes des attentats du 13 novembre 2015 ont plaidé, notamment sur le thème de la solidarité, cette «réaction humaine face à la barbarie, un mécanisme de survie face à une agression», comme l'a défini Me Chine Feger.
Les victimes des attaques «se sont entraidées, de la manière la plus simple qui soit: en se parlant, en se touchant, en se regardant. Pour chacun, ces gestes ont permis de garder leurs sens acérés face à une scène d'une cruauté sans nom», a-t-elle dit en saluant ceux qui ont été des «héros sans le savoir». «En plein chaos, c'est cette solidarité entre victimes qui les a sauvés», a ajouté l'avocate.
«J'ai une difficulté avec un box vide», a reconnu Me Robert Gastone. «Je ne vois pas comment je pourrais plaider pour la Protection civile et tous les bénévoles secouristes qui sont intervenus ce soir-là sans» les accusés. «Alors, pardonnez-moi, mais je plaiderai plus tard», a conclu l'avocat.
L'avocate Pascale Billing a choisi quant à elle de plaider mais n'a pas mâché pas ses mots à l'encontre des absents. «En même temps que certains tuaient, d'autres cherchaient à sauver des vies. La solidarité, c'est s'oublier soi-même pour aller vers les autres. Un sentiment profond de fraternité, qui oblige à aider, sans calcul», a-t-elle souligné.
Souffrance et chaos
Puis elle s'en est pris de front aux accusés déserteurs et notamment à Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos qui avait osé affirmer lors de son audition, en avril, que les rescapés des attentats «sont ressortis plus forts de toutes ces épreuves». «Ils ont acquis des qualités qu'on peut pas acheter au supermarché, et voilà ils ont tout mon respect», avait dit Salah Abdeslam.
«Pouvons-nous permettre aux accusés de dire que ces épreuves ont permis à chacun de révéler le meilleur de lui-même? Cela n'est pas audible», s'est indignée Me Billing en se tournant vers le box vide. «Ne croyez pas un instant que vous puissiez vous immiscer dans ces instants d'émotion et de solidarité». «Vous n'êtes à l'origine que de la souffrance et du chaos», a insisté l'avocate à l'adresse des absents.
Les plaidoiries des avocats des parties civiles qui ont choisi de s'exprimer de façon individuelle doivent commencer mercredi.
Le verdict est attendu le 29 juin, après les réquisitions du parquet national antiterroriste et les plaidoiries de la défense.