Le rappeur Mohamed Sylla (c), alias MHD, arrive aau palais de Justice de Paris, le 4 septembre 2023
Le rappeur Mohamed Sylla (c), alias MHD, arrive au palais de Justice de Paris, le 4 septembre 2023
Au procès du rappeur MHD, les lois de la cité en toile de fond - Gallery
Le rappeur Mohamed Sylla (c), alias MHD, arrive aau palais de Justice de Paris, le 4 septembre 2023
Le rappeur Mohamed Sylla (c), alias MHD, arrive au palais de Justice de Paris, le 4 septembre 2023
Les affrontements se perpétuent sans qu'on en connaisse vraiment les raisons et le poids des lois de la cité a été mardi au cœur du deuxième jour du procès du rappeur MHD et de huit coaccusés pour un meurtre dans un règlement de comptes avec une bande rivale.
Les neuf hommes – dont l'un est en fuite – sont jugés depuis lundi pour le meurtre, en 2018, de Loïc K., victime collatérale de rivalités entre jeunes de la cité de la Grange-aux-Belles et de celle des Chaufourniers, surnommée la «cité rouge», séparées de quelques centaines de mètres dans les Xe et XIXe arrondissements parisiens.
Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, le jeune homme de 23 ans était percuté volontairement par une Mercedes dans le Xe arrondissement, puis lynché par une dizaine d'hommes à coups de pieds et de couteaux, avant de mourir.
Les accusés, qui viennent des Chaufourniers, risquent jusqu'à trente ans de réclusion criminelle. Tous nient avoir participé au meurtre.
En mars 2017, le frère d'un des accusés avait déjà trouvé la mort dans une rixe entre les deux bandes.
Comment expliquer ces déchaînements de violence? Quelles sont les raisons profondes de ces rivalités qui semblent se transmettre de générations en générations?
«Je ne sais pas répondre à cette question», avait déjà déclaré lundi soir Robby M., un des accusés soupçonnés d'avoir porté des coups de couteau à la victime. Mardi, l'avocat général évoque des affrontements qui n'ont «pas de cause identifiée».
«Meute»
Les jeunes agissent «en meute», ne se défendent «plus avec les mots mais à coups d'extincteurs» ou de «marteau», déclare à la barre une psychologue, relatant les propos d'un des accusés, Hamidou T., dont elle a réalisé l'expertise.
Ce dernier, qui porte des «séquelles» sur son corps, a décrit «la sauvagerie des actes de violence», selon l'experte qui souligne que dans cet univers, «le groupe va primer».
S'extraire de cette logique est difficile, d'autant plus que les Chaufourniers est une «cité assez fermée avec un lien social assez fort», décrit une enquêtrice de personnalité.
Un système qui pourrait expliquer la «peur des représailles»: même si tous les accusés nient avoir participé au meurtre et certains affirment connaître les véritables auteurs du crime, aucun n'est disposé à donner des noms.
A l'image de Wissem E.: selon l'accusation, qui se basait sur les vidéos de la scène du crime, un des individus frappant Loïc K. portait une veste Lacoste qui lui appartenait. Lui a toujours affirmé avoir prêté, dans la soirée, cette veste à un autre dont il a toujours refusé de révéler l'identité.
A la barre, ce jeune homme aujourd'hui âgé de 25 ans, qui a effectué trois mois et demi de détention provisoire, raconte avoir été menacé et «agressé» en prison.
«Concrètement, on m'avait demandé de fermer ma gueule sur cette affaire», détaille cet étudiant en comptabilité et gestion, inconnu auparavant des services de police.
Son frère, convoqué comme témoin, explique lui aussi avoir été menacé «une dizaine de fois» par l'homme à qui la veste aurait été prêtée.
«Il n'y a pas un jour où je me sente en sécurité», déclare-t-il. «J'aimerais vous aider, je suis désolé, mais c'est vraiment dur de vivre avec ça sur le dos depuis cinq ans», assure-t-il à la présidente qui s'étonne qu'il n'en dise pas plus pour disculper son frère.
Une omerta qui pousse la magistrate à se demander s'il y a «la place pour la vérité» dans la salle d'assises.
Verdict attendu le 22 septembre.
AFP