Faits divers Aux Etats-Unis, la santé des animaux domestiques n'a pas de prix

AFP

4.8.2019 - 07:17

Bess, 11 ans, attend docilement son immersion dans une eau chauffée à plus de 32 degrés. La séance d'hydrothérapie va durer 17 minutes mais elle fait des miracles sur la chatte aux longs poils soyeux qui souffre d'arthrite.

Pour soulager ses douleurs articulaires, la Maine coon, en léger surpoids avec ses quelque 10 kilos, se rend chaque semaine au Friendship Hospital for Animals, une clinique vétérinaire nichée dans une rue paisible de Washington.

Outre les soins vétérinaires traditionnels, l'établissement propose des spécialités autrefois exclusivement réservées aux humains à l'instar de l'hydrothérapie et de l'acupuncture.

«Les animaux de compagnie sont devenus ces dernières décennies un membre à part entière de la famille», explique Christine Klippen, qui fait partie des 63 vétérinaires œuvrant 7 jours sur 7, 365 jours par an.

- «Parents» millennials -

C'est particulièrement vrai pour les millennials (17-35 ans), qui se considèrent comme les «parents» de ces «bébés à poils». Et, à la faveur d'un pouvoir d'achat élevé dans la capitale américaine, ils recherchent «le meilleur» pour le bien-être de leur animal, explique-t-elle.

Aux Etats-Unis, «84,9 millions de ménages possèdent un animal domestique, soit 67,7% des foyers. Les millennials constituent le groupe le plus important toutes générations confondues» après avoir détrôné les babyboomers, explique Steve King, président de la fédération américaine des produits pour animaux domestiques (APPA).

Et les dépenses consacrées aux animaux domestiques ont atteint en 2018 quelque 72,56 milliards de dollars, un record. Elles devraient grimper à 75,38 milliards cette année, selon l'APPA.

Les dépenses de santé sont celles qui augmentent le plus vite à mesure que les propriétaires s'informent sur les traitements disponibles.

«Il y a moins de réticence que par le passé» à pratiquer des soins dentaires très semblables à ceux des humains, explique Brant Hassell, qui officie au District Veterinary Hospital.

«Ces chiens sont les premiers enfants de nombreuses personnes» et les propriétaires ont «beaucoup d'empathie» pour eux, témoigne-il.

Dans l'autre clinique, Bess, de l'eau jusqu'aux moustaches, marche sur le tapis roulant aquatique. Le rythme est lent mais parfaitement régulier, tel un métronome.

Bella, une chienne «senior», avait, elle, eu besoin «d'une petite motivation» --du beurre de cacahuètes-- pour maintenir la cadence.

«Bella a la ligne! (...) Pour nos patients en surpoids, on propose des aliments plus sélectifs» et diététiques, sourit la physiothérapeute Janay Austin Carlson.

Et d'expliquer les bienfaits de l'eau: «Une minute d'exercice dans l'eau est bien plus efficace qu'une minute sur la terre ferme.»

Dans la torpeur de l'été à Washington, où la température avoisine régulièrement les 35 degrés avec 70% d'humidité dans l'air, les animaux peuvent se dépenser sans se blesser. «On joue sur le rythme, le niveau de l'eau pour créer des dynamiques différentes», poursuit Mme Austin Carlton.

- «Investissement pour moi-même» -

La «maman» de Bella, Freya Jackson, 45 ans, est catégorique: l'hydrothérapie produit des effets prodigieux. «Le jour de sa séance, elle est très fatiguée et a besoin d'une bonne sieste. Mais le jour suivant, elle se meut beaucoup plus facilement», raconte-t-elle.

Le bien-être de Bella a un coût: 89 dollars la vingtaine de minutes d'hydrothérapie qui suivent quinze minutes de préparation au laser pour assouplir les articulations, facturée 65 dollars. Et la chienne en bénéficie une fois par semaine depuis un an.

«C'est un investissement pour moi-même pour rester en forme et en bonne santé», confie Freya Jackson alors que Bella l'accompagne dans toutes ses activités sportives.

«Je n'ai pas d'enfant. Je peux donc consacrer mon budget différemment», ajoute-t-elle. «Tant que Bella reste en bonne condition physique, moi aussi. Cela fait partie de mon bien-être», insiste-t-elle.

- Humanisation -

L'Institut de recherches sur les liens entre les animaux et l'humain (HABRI) a financé plus de deux millions de dollars de recherches démontrant que les animaux domestiques sont bénéfiques dans tous les domaines de la santé: de l'autisme à la santé cardiovasculaire en passant par la démence, observe Steve King.

Avoir un chien ou un chat à la maison diminue la tension artérielle, les enfants ont moins d'allergies. D'une manière générale, ils améliorent la santé mentale, renchérit Christine Klippen.

Et parce que les animaux aiment leur maître sans condition et que nous les considérons d'une manière plus humaine, «les remercier avec un simple biscuit ne suffit plus», souligne M. King.

Les propriétaires sont prêts à débourser beaucoup pour leur animal. Une dialyse est facturée entre 12.000 et 15.000 dollars; une opération orthopédique entre 5.000 et 7.000 dollars.

Mais l'humanisation conduit aussi à des pratiques controversées voire dangereuses pour l'animal telles qu'imposer, en l'absence d'allergie, son propre régime alimentaire sans gluten ou sans céréale.

Ce n'est tout simplement pas adapté à leurs besoins alimentaires et peut aboutir à un décès prématuré, met en garde le Dr Klippen.

Les autorités américaines ont d'ailleurs lancé une enquête sur le lien potentiel entre ces croquettes nouvelle tendance, particulièrement populaires, et la récurrence de cardiomyopathie chez les chiens.

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