Langue française Barbara Cassin entre à l'Académie française

ATS

17.10.2019 - 17:02

«Ni 'globish', ni nationalisme», a affirmé jeudi Barbara Cassin. La philosophe et philologue est devenue la neuvième femme à être officiellement accueillie à l'Académie française depuis sa création en 1635.

«Nous voulons contribuer à fabriquer une Europe résistante, qui refuse de s'en tenir à cette non-langue de pure communication qu'est le global english, dont les principales oeuvres sont les dossiers de demandes de subvention, ces 'soumissions' que classeront des 'experts à haut niveau'«, a insisté devant ses pairs la nouvelle académicienne dans le discours d'éloge à son prédécesseur, le musicologue et musicien Philippe Beaussant.

«Nous refusons que nos langues, celles que nous parlons, le français, l'anglais lui-même (celui de Shakespeare, d'Emily Dickinson ou de Churchill), deviennent de simples dialectes, à parler chez soi», a poursuivi l'auteure de «l'éloge de la traduction».

Pas de hiérarchie des langues

«Nous nous opposons tout aussi fermement à la hiérarchie des langues et à leur prétention auto-proclamée à un génie supérieur», a souligné la philosophe, qui a choisi pour devise, gravée sur son épée high-tech, une phrase empruntée à Jacques Derrida : «Plus d'une langue».

«La singularité d'une langue, la force de son génie, la richesse de ses oeuvres ne conduisent pas à la fermeture sur soi de cette langue ni du peuple qui la parle. Ce serait là faire le lit du pire des nationalismes. Il faut soutenir avec Umberto Eco que: 'La langue de l'Europe – et peut-être la langue du monde -, c'est la traduction», a insisté la philosophe qui aura 72 ans dans quelques jours.

Passionnée par la diversité des langues, Barbara Cassin a salué «l'importance, pour la France et pour le français, des langues parlées en France, toutes».

Elle a critiqué le gouvernement, qui avait décidé d'augmenter les droits d'inscription à l'université des étudiants étrangers. «A cause de la hausse différentielle des droits d'inscription», des étudiants étrangers «vont, bon gré mal gré, parler anglais en Chine», a-t-elle déploré, avant de se réjouir de la récente décision du Conseil constitutionnel qui a retoqué cette décision.

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