Le Tribunal cantonal du Valais a confirmé en appel la peine infligée à une mère qui avait étouffé son nouveau-né en décembre 2015. En première instance, elle avait été condamnée à deux ans de prison avec sursis. Le Ministère public avait fait appel et requis dix ans.
Dans son jugement publié mardi, le Tribunal cantonal, tout comme le Tribunal d'arrondissement de Sierre en première instance, reconnaît la femme coupable d'infanticide. Le Ministère public avait lui soutenu l'accusation d'assassinat.
L'infanticide s'applique lorsque la mère a tué son enfant pendant l'accouchement ou alors qu'elle se trouvait encore sous l'influence de l'état puerpéral, période qui suit l'accouchement, explique le Tribunal cantonal. L'infraction prévoit une peine privative de liberté de trois ans au plus ou une peine pécuniaire. Pour assassinat, la peine minimale est de dix ans ferme.
Le Tribunal cantonal s'est écarté de l'avis de l'expert et a considéré que la femme, âgée de 33 ans au moment des faits, avait agi sous l'influence de l'état puerpéral.
L'accusée a accouché seule, rappelle le tribunal. Après l'accouchement, elle était épuisée, a pleuré et tremblé de tout son corps pendant près d'une heure, elle n'a pas regardé le nouveau-né, ne l’a pas caressé, ne lui a pas parlé et n’a eu aucun geste à son égard durant le temps où elle était restée avec lui, couchée sur son canapé-lit.
Aucun lien ne s'est créé
Selon ses déclarations, sa tête était vide, elle ne pensait à rien, les gestes se faisaient tout seuls, comme s'il n'y avait personne à l'intérieur d'elle-même. Aucun lien personnel ne s'est créé entre elle et l'enfant durant les deux heures qui ont suivi l’accouchement.
Ces éléments, ajoutés aux troubles psychiques de la prévenue, au laps de temps très court séparant la naissance de l'acte homicide, au contexte particulier de l'accouchement et aux douleurs liées à celui-ci, suffisent à démontrer que l'accusée était encore sous l'influence de l'état puerpéral lorsqu'elle a étouffé son enfant. Elle s'est donc rendue coupable d'infanticide et non d'assassinat, estime le Tribunal cantonal.
Grossesse cachée
Les faits, admis par cette mère de trois enfants, se sont déroulés en décembre 2015 dans une station du Valais central. Elle avait caché la grossesse non désirée à ses proches, mais avait pris des dispositions avec le milieu médical pour que l'enfant soit confié à l'adoption.
La jeune femme étouffe son quatrième enfant quelques heures après l'avoir mis au monde seule chez elle. Elle le dépose dans une armoire à vêtements, puis le met dans un sac-poubelle avant de le jeter plus tard dans un molok.
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