Un citoyen de Bex a eu un comportement héroïque mercredi dernier. Témoin d'un vol à la tire, Cédric a poursuivi le voleur et l'a immobilisé en attendant l'arrivée de la police.
Cédric à l'endroit où il a immobilisé le malfrat.
Cédric indique le lieu où le malfrat a emporté le sac de la victime.
Cédric à l'endroit où il a immobilisé le malfrat.
Cédric indique le lieu où le malfrat a emporté le sac de la victime.
Attablée au café du coin deux jours après l'événement, Martine* assure qu'elle n'est pas sous le choc, mais qu'elle «n'arrête pas d'y penser» et qu'elle «a peur». Il faut dire que ce qui est arrivé à cette septuagénaire a de quoi secouer n'importe qui.
Toujours active et dynamique, Martine se gare au Parc Ausset, à Bex, mercredi matin vers 8h05. Elle raconte: «Je consultais mon agenda dans ma voiture et j'ai remarqué un monsieur qui passait devant moi. Il portait un bonnet noir et marchait penché en se tenant l'aine. J'ai pensé qu'il était handicapé, j'ai même failli lui proposer de l'aide!»
Leurs regards se croisent, puis la femme retourne à ses occupations. Elle se rend au parcmètre, puis retourne dans sa voiture. «Là, j'ai fait ce que font toutes les femmes: j'ai posé mon sac sur le siège passager», indique-t-elle, mimant ce geste familier.
L'homme au bonnet ouvre alors la portière et s'empare du sac. Martine a juste le temps de remarquer «quelque chose de blanc» qui dépasse de sa manche. «C'est allé très vite. Il m'a dit: 'J'ai besoin de manger, j'ai besoin d'argent' et il est parti en courant. Alors j'ai crié énormément», raconte la victime.
«Quand j'ai vu qu'il avait un couteau, j'ai un peu paniqué»
À ce moment-là, Cédric** vient de garer sa camionnette sur le parking. Il entend Martine crier et voit le malfrat s'enfuir. «Restez là, madame», dit-il à la victime.
À cette heure matinale, le parking en question est déjà relativement animé. Les enfants viennent d'entrer en classe dans l'école toute proche et plusieurs personnes se trouvent dans les alentours. «Je regarde autour de moi, mais personne ne bouge. Alors là, mon esprit me dit: 'fonce'», raconte Cédric.
Aussitôt, il se lance à la poursuite du voleur: «Il avait déjà pris une centaine de mètres. Mais j'ai jaugé son physique et j'ai pensé qu'il n'irait pas bien loin. Je fais beaucoup de sport, je me suis dit que j'allais avoir le dessus».
«Il m'a dit: 'Si tu ne me laisses pas partir, je te tue'»
Malgré ses chaussures de chantier, Cédric parvient sans mal à rattraper le malfrat, qui tente de se cacher dans un petit ruisseau un peu plus haut. Il lui saute dessus.
Mais l'homme sort le couteau qu'il avait dans sa manche et menace Cédric en criant: «Il m'a dit: 'Si tu ne me laisses pas partir, je te tue'. Quand j'ai vu qu'il avait un couteau, j'ai un peu paniqué. Mais je me suis dit que ce n'était pas le moment d'avoir peur», témoigne le Bellerin. Il parvient à esquiver la lame et mord le bras de l'agresseur pour lui faire lâcher son arme.
Ensuite, il se met à califourchon sur le voleur, qui continue de vociférer, et lui tient les bras en attendant l'arrivée de la police. Pendant ce temps, des témoins ont contacté les forces de l'ordre, qui ne tardent pas à arriver.
Sensibiliser la population
Si Cédric accepte de témoigner à visage découvert, c'est parce qu'il pense qu'il faut sensibiliser la population: «J'ai été éduqué comme ça: si quelqu'un a un souci, je dois être là. Aujourd'hui, quand quelqu'un est en détresse, personne n'agit, comme si les gens n'en avaient rien à faire. Il faut éveiller les consciences», estime le héros du jour.
«Ce jour-là, c'est pour ça que je suis sorti de chez moi»
Quand il repense à l'événement, Cédric se questionne: «C'est vraiment moi qui ai fait ça ? Comment est-ce que j'ai eu ce courage ?» Mais il y trouve aussi du sens: «Peut-être que cet homme avait l'habitude de voler et que c'était le moment qu'il arrête. Je pense que ce jour-là, c'est pour ça que je suis sorti de chez moi. Et je crois que Dieu m'a un peu aidé», conclut-il.
Martine, elle, assure qu'elle lui en sera éternellement reconnaissante: «Heureusement qu'il ne lui est rien arrivé, sinon je m'en serais voulu toute ma vie», soupire-t-elle.
À noter que blue News a contacté la police du Chablais pour un éclairage sur cette affaire et attend encore une réponse.
*nom connu de la rédaction. La victime ne souhaite pas être nommée
**nom connu de la rédaction. Même s'il témoigne à visage découvert, blue News préfère, pour sa sécurité, ne pas divulguer le nom complet de Cédric.