Evolution/génétique Boire du lait, un avantage évolutif

ATS

3.9.2020 - 17:53

Les analyses ont été menées sur des squelettes retrouvés sur le site de la bataille de la Tollense, du nom d'une rivière dans le nord-est de l'Allemagne.
Les analyses ont été menées sur des squelettes retrouvés sur le site de la bataille de la Tollense, du nom d'une rivière dans le nord-est de l'Allemagne.
Source: Stefan Sauer/Tollensetal-Projekt

A l'Âge du Bronze, un Européen adulte sur huit pouvait boire du lait sans souffrir de maux de ventre. C'est ce qu'indique une étude internationale avec participation suisse qui a analysé le génome de guerriers morts dans le nord-est de l'Allemagne il y a 3300 ans.

Selon ces travaux publiés dans la revue Current Biology, seul un combattant sur huit possédait le gène permettant de digérer le lactose, d'après les analyses menées sur des squelettes retrouvés sur le site de la bataille de la Tollense, dans l'actuel Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale.

«Aujourd'hui, la population de cette région dispose à 90% de cette caractéristique», indique Joachim Burger, de l'Université Johannes Gutenberg à Mayence (D), premier auteur de l'étude. Une différence énorme, compte tenu du fait que pas plus de 120 générations nous séparent de ces ancêtres.

«La seule explication est une forte sélection darwinienne», ajoute Daniel Wegmann, de l'Université de Fribourg, co-auteur de cette recherche. Les humains capables de dissocier le lactose ont eu en moyenne 6% d'enfants en plus par rapport à leurs contemporains privés de ce gène, ont calculé les scientifiques.

Cet avantage évolutif est vraisemblablement dû au fait que le lait constituait à cette époque une boisson riche en énergie et non contaminée qui augmentait les chances de survie de ceux qui pouvaient en boire.

L'équipe de chercheurs a également analysé des ossements provenant de l'est et du sud de l'Europe, avec les mêmes résultats. Dans les steppes d'Europe de l'Est, le gène fait même complètement défaut.

«Cela nous a surpris», commente Vivian Link, de l'Université de Fribourg. De précédentes études supposaient que le gène en question provenait de cette région. Actuellement en Suisse, environ 80% des adultes supportent le lait.

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