30 ans de prison requisCédric Jubillar réaffirme n'avoir «rien fait» à sa femme
ATS
17.10.2025 - 11:05
Cédric Jubillar a réaffirmé vendredi matin n'avoir «absolument rien fait à Delphine», son épouse disparue dans le sud-ouest de la France qu'il est accusé d'avoir tuée. Les jurés doivent maintenant décider si le peintre-plaquiste est coupable ou non à l'issue d'un procès hors normes et très médiatisé.
Cédric Jubillar est photographié dans la salle d'audience du tribunal correctionnel du Tarn à l'ouverture du procès pour le meurtre de sa femme Delphine Jubillar, à Albi, le 23 septembre 2025 (archives).
AFP
Keystone-SDA
17.10.2025, 11:05
ATS
Devant la cour d'assises d'Albi, qui doit prononcer le verdict dans l'après-midi, l'accusé de 38 ans, arrivé le visage blême et les yeux cernés, a lancé quelques regards vers la salle et a prononcé cette seule phrase après avoir été invité par la présidente à s'exprimer une dernière fois, comme le prévoit le Code de procédure pénale.
«Ce sont des mots qui sont désincarnés, comme ceux dont il nous a gratifiés depuis le début de cette audience», a réagi Laurent De Caunes, avocat des frères et soeur de la disparue.
Le ministère public a requis 30 ans de réclusion criminelle à son encontre, ses avocats réclament son acquittement.
«Est-il coupable d'avoir, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines donné volontairement la mort à Delphine Aussaguel épouse Jubillar?»: c'est la question à laquelle devront répondre les trois magistrats et les six jurés, avec pour consigne que le doute doit profiter à l'accusé.
Sept sur neuf doivent déclarer Cédric Jubillar coupable, pour qu'il soit condamné. Si trois d'entre eux votent «non coupable», il sera acquitté.
Semer le doute
Invariablement, l'accusé, stoïque dans son box mais régulièrement secoué de mouvements nerveux, a martelé qu'il n'avait rien à voir avec la disparition de la mère de ses deux enfants.
«Je conteste toujours les faits qui me sont reprochés», a-t-il dit dès sa première prise de parole le 22 septembre, au premier jour du procès de quatre semaines. Et il n'aura pas dévié jusqu'à vendredi matin.
Lors de leurs plaidoiries, jeudi, ses avocats ont cherché à semer le doute dans l'esprit des jurés.
Alors que parties civiles et avocats généraux estiment qu'un «pétage de plomb» de l'accusé a pu conduire au meurtre de l'infirmière de 33 ans, Emmanuelle Franck a affirmé: «Un pétage de plomb, c'est ce qu'on appelle un crime pulsionnel, un crime passionnel, celui qui laisse le plus de traces, parce qu'on ne contrôle rien, on éclabousse tout».
Or il n'y a aucune trace, a insisté l'avocate, adressant ses dernières salves aux enquêteurs et aux juges d'instruction.
«Vous ne serez pas le jury du festival de Cannes qui vient récompenser le meilleur scénario», a lancé aux jurés son confrère Alexandre Martin. Faute de preuves, les enquêteurs ont, selon lui, imaginé «un faisceau d'indices» et bâti un scénario, qui vient conclure une instruction «à charge».
«La conviction des gendarmes dès le premier jour» a empêché la manifestation de la vérité et le procès, quatre ans et demi plus tard, n'a fait que dérouler un «tapis rouge à l'erreur judiciaire», a plaidé Me Martin.
Les deux avocats toulousains défendent Cédric Jubillar depuis son inculpation et son placement en détention en juin 2021.
Pour les parties civiles et l'accusation, la culpabilité de l'accusé ne fait en revanche aucun doute.
L'avocat général Pierre Aurignac a estimé que «pour défendre l'idée de l'innocence de M. Jubillar, il faut écarter quatre experts, faire taire 19 témoins et tuer le chien pisteur» qui a établi que la mère de famille n'a pas quitté son domicile la nuit de la disparition.
«Le crime parfait attendra, a-t-il ajouté, le crime parfait, ce n'est pas le crime sans cadavre mais celui pour lequel on n'est pas condamné, et vous allez être condamné M. Jubillar».
Pour Me Laurent Boguet, avocat des enfants du couple, «il ne l'a pas seulement tuée, il l'a étranglée pour la faire taire, il l'a effacée en faisant disparaître le corps».
Vendredi matin, Me Philippe Pressecq, avocat d'une cousine de Delphine, a regretté «le fait qu'il n'y ait pas eu d'aveux, cela va aggraver sa peine».
«A 22h30, elle était dans la maison, à 4h00 du matin elle n'y était plus et on sait qu'elle n'est pas sortie de la maison. Le dossier se résume à ça. Tout le reste n'est que littérature. J'espère que les jurés ne vont pas l'oublier», a-t-il dit.
Le prononcé de l'arrêt de la cour d'assises mettra fin aux quatre semaines de procès.
La décision fera l'objet d'un appel, ont fait savoir les parties. Un nouveau procès se tiendra en 2026, probablement devant la cour d'appel de Toulouse.
Jubillar admet avoir «dit qu’il allait tuer sa femme» sans «l’avoir fait»
Me Laurent Boguet, avocat des enfants Jubillar sur le banc des parties civiles, réagit à la déposition d'un témoin lue par la présidente de la cour d'assises du Tarn au huitième jour du procès Jubillar. Cédric Jubillar, reconnaît, "à demi-mot" selon Me Boguet, avoir dit "je vais la [Delphine Jubillar] tuer" le week-end précédent sa disparition, indiquant par ailleurs qu'il ne l'avait pas vraiment fait devant la cour d'assises.