Politique Caroline Guiela Nguyen: diversité et mixité au Théâtre national

ATS

15.9.2023 - 18:00

Caroline Guiela Nguyen est depuis le 1er septembre à la tête du Théâtre national de Strasbourg (TNS), seul théâtre national implanté en province (archives).
Caroline Guiela Nguyen est depuis le 1er septembre à la tête du Théâtre national de Strasbourg (TNS), seul théâtre national implanté en province (archives).
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Retour aux sources pour la metteuse en scène Caroline Guiela Nguyen au Théâtre national de Strasbourg (TNS), où elle fut élève il y a une quinzaine d'années. La nouvelle directrice souhaite mettre l'accent sur la diversité, elle qui se rappelle avoir été la seule fille d'immigrés de sa promotion.

A 42 ans, celle qui a obtenu trois nominations aux Molières assure avoir «de grandes ambitions artistiques» et «sociales» pour le TNS. Dans les oeuvres qu'elle crée ou dans ses nouvelles missions, son fil conducteur est «la diversité».

«Obsédée par les visages présents sur et en dehors de la scène», Caroline Guiela Nguyen oeuvre pour la «mixité socioculturelle». Son choix «d'avoir plusieurs langues» sur le plateau répond à la question qu'elle s'est longuement posée: «A qui j'ai envie de m'adresser?».

«Joie et fête»

AU TNS, elle souhaite «travailler en horizontalité», dans un environnement «de joie et de fête», où amateurs et professionnels pourront se produire lors des «galas du TNS». A l'écoute des élèves et des gens qui l'entourent, la nouvelle directrice, qui continue de créer et d'écrire, souhaite échanger, s'imprégner des autres, de leur vie.

Après une rentrée «joyeuse», Caroline Guiela Nguyen assume son envie de faire évoluer les choses. «Quand j'étais étudiante au TNS, j'étais l'une des seules filles d'immigrés de ma promotion. Ce n'était pas normal».

Absence des accents

Née d'une mère vietnamienne et d'un père pied noir d'Algérie, Caroline Guiela Nguyen a grandi dans un paisible village du sud de la France. Dès ses premiers pas dans le monde du théâtre, la jeune étudiante a été frappée par «l'absence des accents», qui n'étaient pas représentés sur scène selon elle.

«Cette époque aujourd'hui je l'aime, je suis heureuse que des jeunes femmes puissent rentrer avec la légitimité de ce qu'elles sont, avec plus de simplicité qu'il y a quinze ans», explique cette maman d'une petite fille.

«Diversité, hospitalité, mixité»

Et le TNS a évolué: «c'est très beau, il y a beaucoup de diversité dans les élèves comédiens», même s'il «faut continuer le travail entamé par (l'ancien directeur) Stanislas Nordey pour qu'il y ait de la diversité aussi dans les porteurs de projets», les metteurs en scène ou scénographes par exemple, explique l'autrice.

«La diversité, l'hospitalité et la mixité» sont les points clés qu'elle souhaite promouvoir: «L'hospitalité, c'est assez beau, à la fois pour celui qui reçoit et pour celui qui est reçu», détaille-t-elle. «Ce que je veux, c'est que toute personne qui entre dans ce théâtre ait la sensation qu'elle est à sa place, au bon endroit».

Théâtre amateur

Quant à son troisième axe, la mixité, le TNS va ouvrir trois troupes de théâtre amateur dans l'Eurométropole de Strasbourg et aux alentours: «Je veux qu'il y ait une mixité, des rencontres, je ne veux pas que les gens soient mis dans des niches», reprend Caroline Guiela Nguyen. Elle souhaite «augmenter de façon assez redoutable la pratique» du théâtre amateur dans la capitale alsacienne.

En poste depuis le 1er septembre au TNS, la nouvelle directrice est à la tête du seul théâtre national implanté en province, mais «surtout le seul théâtre national où il y a, en son sein et en permanence, 52 personnes de moins de 25 ans», en comptant les élèves, souligne-t-elle.

«Avoir un de ces coeurs battant, là, dans le théâtre, ça crée des espaces de discussions très forts, et j'adore ça». Chacun est libre d'exprimer sa pensée sans avoir l'impression de «recevoir une grande leçon artistique».