Incendie meurtrier «C'est un drame pour Marseille qui perd un de ses enfants»

AFP

30.1.2024

Un garçonnet de sept ans a perdu la vie dans l'incendie qui a frappé une barre d'immeuble d'une cité paupérisée de Marseille, dans la nuit de lundi à mardi. Un drame «qui devait arriver et qui arrivera encore», dénonce un habitant.

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Parti d'un appartement au deuxième étage d'une barre de sept étages, à Parc Kalliste, une cité des quartiers populaires du nord de Marseille gangrénée par les trafics de stupéfiants, le chômage et la pauvreté, le sinistre a également entraîné l'hospitalisation de onze personnes, dont quatre en urgence absolue, âgées de 3 ans pour deux d'entre elles, de 7 et 14 ans pour les deux autres, a précisé le maire de la ville, Benoît Payan, sur place.

«C'est un drame pour Marseille qui perd un de ses enfants, c'est un jour de tristesse pour les Marseillais», a témoigné l'élu divers gauche: «On vit un drame, on a besoin de savoir ce qui s'est passé», a-t-il insisté, en soulignant que les personnels du bataillon des marins-pompiers de la ville sont arrivés sur les lieux de l'incendie sept minutes à peine après avoir été alertés, à 04h45 du matin.

Selon le commandant des marins-pompiers de Marseille, l'amiral Lionel Mathieu, également présent sur place mardi matin, le sinistre a été éteint en une heure, et «l'essentiel des victimes ont probablement été provoquées par les fumées épaisses et toxiques» dégagées par les flammes.

Il y avait énormément de fumées dans la cage d'escalier, et l'appartement où a débuté l'incendie a été totalement détruit, a-t-il précisé, en soulignant que «la priorité» de ses personnels «a été accordée à l'évacuation des habitants, dont huit ont été extraits de leurs appartements par la grande échelle».

La cité Parc Kalliste, dont le bâtiment A touché par les flammes cette nuit, était à l'origine un ensemble de neuf barres d'immeubles, lors de l'achèvement de sa construction, en 1958, pour reloger les Français revenus d'Indochine. Mais deux de ces barres, la B et la H ont été démolies depuis, à la fin des années 2010, et deux autres devraient bientôt l'être (la G et la I).

Squatteurs et marchands de sommeil

Très dégradée, largement squattée, notamment par des migrants nigérians à la dérive, soumises aux marchands de sommeil, cette cité est une des plus pauvres de Marseille.

«Ca devait arriver et ça arrivera encore», dénonçait mardi matin un habitant de la cité, Mohamed Yahia-Berrouiguet, professeur de mathématiques à la retraite, décrivant auprès de l'AFP une copropriété privée à la dérive, avec des appartements squattés pouvant accueillir jusqu'à 20 personnes et des T5 «qui se louent jusqu'à 900 euros par des marchands de sommeil».

«Personne ne fait rien pour ce quartier, il n'y a plus rien, même les associations ne sont plus là», poursuivait l'ancien enseignant: «On a fait partir les gens mais les Nigérians reviennent et cassent, mais c'est normal, ils n'ont nulle part où aller».

«Le bâtiment derrière celui où s'est déclaré l'incendie était entièrement squatté (NDLR: le B), donc quand il a été détruit les squatteurs se sont répartis dans les autres immeubles. Il y a beaucoup de marchands de sommeil ici», a confirmé sur place le député LFI de la circonscription, Sébastien Delogu, en espérant «que l'Etat apportera l'argent pour que la mairie puisse racheter des appartements et les requalifier».

«Il y a des branchements électriques sauvages, les compteurs sont piratés», décrivait encore Patrick, propriétaire depuis 11 ans dans la cité: «Certains se branchent directement sur le compteur général, ou même parfois sur l'ascenseur, il y a parfois quinze branchements par prise électrique».

«Ici il n'y a aucune loi, les enfants sont abandonnés», regrette M. Yahia-Berrouiguet: «Tout ce qu'ils ont c'est le soleil, et parfois un ballon».