Justice jurassienne Condamnation de deux automobilistes

ATS

26.3.2019 - 19:26

L'automobiliste avait mortellement fauché un jeune homme sur un passage pour piétons lors d'une nuit de novembre 2016 aux Emibois (JU) sans se soucier de sa victime.
L'automobiliste avait mortellement fauché un jeune homme sur un passage pour piétons lors d'une nuit de novembre 2016 aux Emibois (JU) sans se soucier de sa victime.
Source: KEYSTONE/STEFAN MEYER

Deux automobilistes jurassiens ont été condamnés à 30 mois de prison dont 12 fermes pour l'un, et à une peine pécuniaire avec sursis pour l'autre, après le décès d'un jeune homme sur un passage pour piétons. Pour le tribunal, il n'y a pas eu de course-poursuite.

L'automobiliste qui avait mortellement fauché un jeune homme sur un passage pour piétons lors d'une nuit de novembre 2016 aux Emibois (JU) sans se soucier de sa victime a été condamné mardi à 30 mois de prison avec sursis partiel de 18 mois durant quatre ans. Le Tribunal de première instance à Porrentruy (JU) a retenu l'homicide par négligence.

Sa voiture avait percuté le piéton de 21 ans, projetant son corps à 49 mètres. L'automobiliste avait manqué de peu de faucher également la petite amie de la victime qui marchait aussi sur le passage pour piétons. C'est son compagnon qui, avant d'être heurté, l'avait poussée pour la protéger de l'impact.

Le Tribunal de première instance n'a pas retenu le meurtre par dol éventuel comme le réclamait le Ministère public, qui a annoncé son intention de faire recours. La procureure Frédérique Comte avait requis 6,5 ans de prison. La défense avait demandé une peine compatible avec le sursis, plaidant l'homicide par négligence.

«Sa faute est très grave», a déclaré la juge Marjorie Noirat en rendant son verdict. «Son attitude est choquante et indécente», a ajouté la magistrate. «Il a fait fi des risques qu'il faisait courir aux autres et à lui-même», a relevé la juge, estimant toutefois qu'il n'avait pas envisagé la mort du piéton.

Alcool et vitesse

Après avoir renversé le jeune homme, l'automobiliste avait percuté deux panneaux de signalisation, dont l'un était resté coincé sous la calandre de son véhicule. Il s'était arrêté peu après la collision et avait regardé en direction des lieux de l'accident avant de poursuivre sa route.

Au moment du choc, le véhicule circulait entre 80 et 94 km/h selon une expertise technique, alors que la vitesse sur ce tronçon entre Saignelégier et le Noirmont est limitée à 60 km/h. Un excès de vitesse contesté par l'accusé âgé de 26 ans, qui était aussi sous l'emprise de l'alcool lors du drame.

Le second prévenu, qui suivait de près et à une vitesse excessive la voiture du premier automobiliste, a lui été libéré de l'accusation d'homicide par négligence. Il a écopé d'une amende pécuniaire de 120 jours-amende à 100 francs avec sursis pendant deux ans.

Il a été reconnu coupable d'instigation à faux témoignages et de violations à la Loi à la circulation routière (LCR). La procureure avait requis une peine de 4 ans de prison pour homicide par négligence. Cet homme a contesté tous les chefs d'accusation et son avocat avait demandé son acquittement.

Pas de course-poursuite

Le tribunal n'a pas retenu la thèse d'une course-poursuite avancée par le Ministère public. «Aucune interaction ne peut être établie entre les deux véhicules», a estimé la juge Marjorie Noirat. Les conseils des deux prévenus avaient auparavant déclaré qu'il n'y avait aucun élément dans le dossier qui accrédite la thèse de la course-poursuite.

Les accusés, qui se connaissaient, avaient quitté un établissement public de Saignelégier, chacun à bord de son véhicule. Pour la procureure, il y avait un esprit de compétition entre les deux hommes qui se livraient à une course-poursuite. Le conducteur qui a heurté le piéton avait toute son attention vouée à l'autre véhicule.

«Aucun jugement ne pourra effacer les souffrances», a relevé la juge en s'adressant aux parents de la victime et à sa compagne, restés dignes durant tout le procès.

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