Des employés aspergent de désinfectant un poste de contrôle au tunnel de Lowari, dans le district de Chitral au Pakistan soumis à un confinement pour lutter contre le coronavirus, le 10 avril 2020
Des habitants viennent récupérer des rations de nourriture, distribuées pendant le confinement contre le coronavirus, à Chitral au Pakistan le 9 avril 2020
Le joueur de cricket pakistanais Shahid Afridi (3eD), un masque sur le visage pour se protéger du coronavirus, distribue des rations de nourriture, à Chitral le 9 avril 2020
Coronavirus: au Pakistan, une vaste vallée retrouve son confinement millénaire
Des employés aspergent de désinfectant un poste de contrôle au tunnel de Lowari, dans le district de Chitral au Pakistan soumis à un confinement pour lutter contre le coronavirus, le 10 avril 2020
Des habitants viennent récupérer des rations de nourriture, distribuées pendant le confinement contre le coronavirus, à Chitral au Pakistan le 9 avril 2020
Le joueur de cricket pakistanais Shahid Afridi (3eD), un masque sur le visage pour se protéger du coronavirus, distribue des rations de nourriture, à Chitral le 9 avril 2020
Pendant des millénaires, c'est la neige qui confinait six mois par an la vallée de Chitral. Puis un tunnel a désenclavé ce vaste territoire dans le Nord-Ouest du Pakistan. Le voilà à nouveau fermé et sa population isolée pour empêcher la propagation du coronavirus.
Depuis un mois, «aucun véhicule ne peut rentrer ou sortir s'il ne transporte pas de nourriture» et autres produits de première nécessité, affirme Iqbal Shaheem, le chef d'une unité paramilitaire postée en bordure du district de Chitral.
Derrière lui, des pompiers désinfectent l'entrée du tunnel de Lowari, long de 10 km, qui depuis douze ans relie ce territoire au reste du pays. Le silence est étonnant. Aucun camion surchargé ne descend péniblement, comme c'est souvent le cas, la route tournoyante. Pas un nuage de gazole ne vient enlaidir le paysage orné de pics blancs.
«Ce confinement est notre manière de nous protéger», assène Iqbal Shaheem.
Le 22 mars, les autorités ont décrété la fermeture de ce district montagneux culminant à près de 8.000 mètres d'altitude. Les deux seules routes y menant, dont celle passant par le Lowari, sont coupées, tout comme les postes-frontières avec l'Afghanistan voisin.
Pakistanais non-résidents et étrangers n'ont plus le droit de visite, dans cette région au fort potentiel touristique. Seuls les habitants du cru peuvent rentrer chez eux... à condition qu'ils passent quatorze jours dans un centre de quarantaine.
Pendant quatre semaines, ces mesures ont protégé Chitral du Covid-19, qui a fait plus de 200 morts et plus de 10.000 malades au Pakistan. «On a réussi à retarder le coronavirus d'un mois», se félicite Naveed Ahmed, le responsable administratif de cette vallée grande comme la moitié de la Belgique et où vivent 500.000 personnes.
- 'Paradis' du confinement -
Mais lundi, Chitral a recensé ses quatre premiers cas. Trois étaient déjà en quarantaine, ce qui a permis de contrôler une éventuelle contagion. Le dernier, «entré clandestinement» dans la vallée en se faisant passer pour un conducteur de camion de légumes, est resté un jour en famille, avant d'être dénoncé par des voisins, selon M. Ahmed. Le hameau dans lequel il vivait est désormais complètement confiné.
«Il suffit d'une personne pour saboter tout le système», peste le haut fonctionnaire, qui espère que ce malade ne sera pas le «patient zéro» de Chitral, point de départ d'une contamination massive de la vallée.
Car le système de santé y est mal en point. Médecins et personnels soignants manquent, selon M. Ahmed. Tester massivement la population est impossible, les laboratoires se trouvant à une journée de route. Le district ne compte en outre que quatre respirateurs artificiels, tous inutilisables.
«Notre chance a fini par tourner», observe, fataliste, Siraj Ul-Mulk, un héritier de l'ancienne principauté de Chitral, dissoute en 1969 pour intégrer le Pakistan.
Ce propriétaire d'un luxueux hôtel, dont dix chambres sont occupées par des familles en quarantaine, reste toutefois optimiste.
Chitral, «c'est le paradis» du confinement, «l'isolement naturel», insiste-t-il. «On n'a absolument pas l'impression que le virus est là». Du fait de la très faible densité de population, «chacun peut trouver un grand espace et s'y réfugier.»
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