Faits divers Coronavirus : trouver une «passion» en confinement, selon l'aventurier +au tonneau+

AFP

20.3.2020 - 16:07

Jean-Jacques Savin à côté de son tonneau, à bord d'un remorqueur, à son arrivée à Fort-de-France, le 9 mai 2019 en Martinique
Jean-Jacques Savin à côté de son tonneau, à bord d'un remorqueur, à son arrivée à Fort-de-France, le 9 mai 2019 en Martinique
Source: AFP

Trouver une passion, jouer de l'harmonica sans «gêner» les voisins et ne pas «s'abrutir devant la télé» sont parmi les conseils donnés en ces temps de confinement, par Jean-Jacques Savin, 73 ans, navigateur reclus au printemps dernier dans un tonneau, pendant 127 jours sur l'Atlantique, qui reconnaît avoir alors «lui-même choisi sa solitude».

Q: Après 127 jours et 5.800 km de mer, confiné dans un tonneau de 2,10 m de diamètre principal, quels sont vos conseils ?

R: Il faut que chacun entre à fond dans sa passion. Ce temps d'isolement peut être aussi l'occasion de faire des découvertes, se mettre au dessin, apprendre l'harmonica si cela ne gêne pas les voisins. Il faut se créer une fatigue physique, pas morale, marcher autant qu'on le peut. Mais surtout ne pas s'abrutir devant la télé le soir puis dormir jusqu'à midi.

Q: Comment vous même avez-vous supporté la solitude pendant ce périple d'une embarcation mue par la seule force des courants ?

R: Quand on choisit soi-même de s'attaquer à un certain challenge, quelles que soient les difficultés – à part les ennuis physiques – on sait qu'on le terminera. Je n'ai pas souffert de la solitude, je l'ai appréciée, parce que je l'ai choisie. J'écrivais mon journal de bord, j'ai beaucoup lu, je faisais des exercices physiques. Le plus dur, c'était le problème du ravitaillement. La solitude, la météo, je me suis adapté, j'ai fait le vide dans ma tête pour accepter que je mettrais plus de temps. Je savais aussi que ce n'était qu'une période.

Là, c'est quelque chose qui nous est imposé et cela a été très rapide. Mais on n'est pas complètement isolé, on a tous le téléphone. J'ai des copains qui m'appellent et souvent s'ennuient. J'ai du mal à les interrompre, moi j'ai des choses à faire.

Q: Où êtes-vous confiné ?

R : J'ai la chance de posséder 40 ha de forêt de pins et de chênes à 12 km de ma maison d'Arès, sur le Bassin d'Arcachon. J'y habite une cabane de 20m2, je m'éclaire à la bougie, j'ai un réchaud, un ruisseau à 10 m pour prendre ma douche. Comme tout le monde, j'ai des pâtes, du riz, de la semoule. Je suis un passionné de sardines. J'en ai trente boîtes. Je peux tenir 25 jours. S'il faut rester six mois en confinement dans ma cabane, je resterai six mois. Ce virus, c'est un avertissement que nous envoie la nature. Il faudra faire attention par la suite.

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