Accusé de corruption Un tribunal bangladais inculpe le prix Nobel de la paix Yunus

ATS

12.6.2024 - 18:38

Le prix Nobel de la paix bangladais Muhammad Yunus a été inculpé mercredi dans une affaire de corruption, dernières accusations en date portées contre cet économiste respecté. Ses partisans voient des considérations politiques là derrière.

M. Yunus a clamé son innocence auprès des journalistes après l'audience, affirmant qu'il avait consacré sa vie «à servir le peuple et non à détourner de l'argent» (archives).
M. Yunus a clamé son innocence auprès des journalistes après l'audience, affirmant qu'il avait consacré sa vie «à servir le peuple et non à détourner de l'argent» (archives).
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M. Yunus, âgé de 83 ans, est connu pour avoir sorti des millions de personnes de la pauvreté grâce à sa banque de microfinance pionnière en la matière. Mais il s'est attiré l'inimitié persistante de la première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, qui l'a accusé de «sucer le sang» des pauvres.

Mme Hasina a lancé plusieurs virulentes attaques verbales contre le lauréat du prix Nobel de la paix 2006, estimé dans le monde entier, qui était jadis considéré comme un rival potentiel.

Dans son acte d'accusation déposé mercredi, l'agence nationale de lutte contre la corruption reproche à Muhammad Yunus et à 13 autres personnes d'avoir détourné l'équivalent de 2,1 millions de dollars de Grameen Telecom, l'une des entreprises qu'il a fondées.

L'avocat de M. Yunus, Abdullah Al Mamun, a déclaré à l'AFP que cet acte d'accusation était le plus grave auquel son client ait été confronté jusqu'à présent. «S'il est reconnu coupable, il risque une peine de prison à vie», a expliqué à l'AFP Me Mamun.

Comparution «humiliante»

M. Yunus a clamé son innocence auprès des journalistes après l'audience, affirmant qu'il avait consacré sa vie «à servir le peuple et non à détourner de l'argent».

Il a ajouté que le fait d'avoir été contraint de comparaître assis dans une des cages récemment introduites dans les salles d'audience au Bangladesh avait été «humiliant».

«Nous ne savons pas pourquoi nous devons subir un tel harcèlement», a-t-il lancé.

Grameen Telecom, créée pour offrir des services de téléphonie mobile bon marché dans les zones rurales, est l'une des sociétés les plus riches du Bangladesh.

Elle détient une participation de 34% dans le plus grand réseau de téléphonie mobile de ce pays, d'une valeur de plusieurs milliards de dollars.

Evincés

M. Yunus et trois collègues de Grameen Telecom ont été condamnés à six mois de prison en janvier après avoir été reconnus coupables de violations du droit du travail.

Tous les quatre ont rejeté les accusations portées contre eux, considérées comme ayant un caractère politique par les groupes de défense des droits. Ils ont été libérés sous caution en attendant leur appel.

M. Yunus a été évincé du conseil d'administration de cette compagnie de télécommunications un mois plus tard et les administrateurs ont été exclus de leurs bureaux après que le président de sa maison-mère, nommé par le gouvernement, en eut désigné de nouveaux.

Muhammad Yunus fait face à plus de 100 autres accusations pour violations du droit du travail et corruption présumées.