Circulation routière Coup de gueule du commandant de la police vaudoise Jacques Antenen

ATS

18.3.2019 - 13:17

Le commandant de la police vaudoise Jacques Antenen a déploré «le juridisme étroit et borné» qui entrave le travail des forces de l'ordre lors des poursuites sur France (archives)
Le commandant de la police vaudoise Jacques Antenen a déploré «le juridisme étroit et borné» qui entrave le travail des forces de l'ordre lors des poursuites sur France (archives)
Source: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Peu coutumier du fait, le commandant de la police vaudoise Jacques Antenen a poussé lundi un véritable coup de gueule. Il a dénoncé «le juridisme étroit et borné» qui nuit au travail des forces de l'ordre, en particulier pour la poursuite de délinquants en France.

La traditionnelle conférence de presse sur le bilan de la circulation routière est sortie pendant quelques minutes des statistiques et des habituels messages de prévention. Le commandant Jacques Antenen a fait part de «sa préoccupation» face à l'évolution juridique actuelle et les missions de la police.

Marcher sur la tête

«Nous marchons sur la tête», a déploré le commandant Antenen. Il a raconté une brève histoire mettant en situation une voiture de police qui prend en chasse sur l'autoroute une voiture suspecte immatriculée en France.

Le scénario classique qui se termine par l'arrestation des voleurs sur le sol de la République et les félicitations réciproques est aujourd'hui menacé. Le week-end passé, par crainte «des conséquences judiciaires», une poursuite en direction de la France a été abandonnée, a affirmé Jacques Antenen.

Sidérant

Les Accords de Paris, qui règlent ces questions frontalières, «doivent être modifiés dans un sens plus favorable à la police suisse, ceci dans l'intérêt bien compris de la justice en général qui n'a pas de frontière.»

«Il est simplement sidérant qu'au 21e siècle, le simple franchissement d'une frontière passoire puisse permettre à des délinquants de narguer les autorités de poursuite pénale», a relevé Jacques Antenen.

Renforcer la frontière

Des policiers suisses sur France n'ont pas plus de pouvoir qu'un citoyen. Si les délinquants sont menottés, cela signifie que les agents ont outrepassé leurs droits, a poursuivi le commandant, reconnaissant que la situation s'était détériorée il y a peu.

Face à cette problématique, des réflexions sont en cours sur les postes-frontières de Chavanne-de-Bogis et de Ferney (GE). L'intention est d'y installer des obstacles physiques, mais il faut encore examiner la compatibilité avec l'accord de Schengen. Il est important également que cela soit sans danger pour les usagers normaux.

Réformes en Suisse

Cette évolution juridique problématique est aussi interne à la Suisse. Le commandant a dénoncé les conditions imposées aux policiers par la Loi sur la circulation routière (LCR) et un arrêt récent du Tribunal fédéral.

Si la voiture de police s'est fait flasher à plus de 200 km/h alors qu'elle n'avait pas enclenché ses attributs prioritaires (feux bleus), «vous êtes un hooligan routier». «Alors que vous n'avez fait que votre devoir, vous allez faire l'expérience d'une poursuite pénale», a critiqué Jacques Antenen, reconnaissant qu'il «forçait un peu le trait» avec son scénario-catastrophe.

Contre l'impunité

Si des changements législatifs ne sont pas mis en oeuvre, le commandant de la police cantonale vaudoise a mis en garde. «A défaut, les policiers n'auront plus d'autres options que de laisser s'échapper les délinquants dangereux par la faute d'un juridisme étroit et borné. Ils lèveront le pied sur territoire suisse et ne franchiront plus jamais la frontière».

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