Crash en Ethiopie Crash en Ethiopie: procédures respectées

ATS

4.4.2019 - 12:52

Les pilotes du vol Ethiopian Airlines qui s'est écrasé le 10 mars ont exécuté «à plusieurs reprises» les procédures d'urgence recommandées par Boeing, selon un rapport préliminaire publié jeudi sur les causes de ce crash. L'accident a fait 157 morts.

Ce rapport était très attendu, car il s'agit du deuxième crash en moins de cinq mois du 737 MAX 8 de Boeing, modèle phare de l'avionneur américain, dans des circonstances similaires: accidents survenus quelques minutes après le décollage à l'issue de mouvements d'oscillation brutaux et rapprochés.

«L'équipage a réalisé à plusieurs reprises toutes les procédures fournies par le constructeur, mais ils n'ont pas été en mesure de reprendre le contrôle de l'avion», a déclaré la ministre éthiopienne des Transports Dagmawit Moges devant la presse à Addis Abeba.

A Boeing d'agir

Le rapport préliminaire recommande dès lors que «le système de gestion de vol de l'avion soit revu par le fabricant» américain, a-t-elle ajouté.

«Les autorités de l'aviation devront vérifier que la révision du système de gestion de vol de l'avion a été correctement effectuée par le fabricant», avant que la flotte des Boeing 737 MAX, clouée au sol dans le monde entier depuis l'accident, soit autorisée à voler à nouveau, a insisté la ministre. Boeing a indiqué qu'elle allait «examiner» le rapport.

L'avion d'Ethiopian s'est écrasé au sud-est d'Addis Abeba six minutes après son décollage le 10 mars. Tous les passagers et membres d'équipage, de 35 nationalités différentes, ont péri dans la catastrophe.

Système de stabilisation

Mme Dagmawit n'a pas fait référence au système de stabilisation de l'appareil (MCAS), soupçonné d'avoir joué un rôle clé dans l'accident. Ce système avait déjà été mis en cause dans celui en octobre d'un 737 MAX 8 de la compagnie indonésienne Lion Air, qui s'était abîmé en mer de Java, faisant 189 victimes. Mais la ministre a évoqué un mouvement de «piqué répété» de l'avion.

Le MCAS («Maneuvering Characteristics Augmentation System») a été spécialement conçu pour le 737 MAX afin de corriger une anomalie aérodynamique liée à une motorisation plus lourde.

Dans une consigne adressée aux équipages le 6 novembre, après le crash de Lion Air, Boeing expliquait qu'une erreur de la sonde mesurant l'angle d'attaque (AOA) pouvait conduire le MCAS à mettre brutalement l'avion en «piqué» (nez vers le sol).

Pour y remédier, il recommandait aux pilotes de désactiver le système en «déconnectant les compensateurs électriques», et ce «jusqu'à la fin du vol».

Le Wall Street Journal, citant des personnes ayant eu accès aux données des boîtes noires de l'avion, a lui affirmé mercredi que le commandant de bord et son copilote, confrontés à une défaillance du MCAS ont respecté «initialement» la procédure d'urgence établie par le constructeur.

«Fier» des pilotes

Mais selon le quotidien, l'équipage aurait toutefois réactivé le système. Pourtant, la manière dont le système a pu être réactivé n'est pas établie pour le moment et celui-ci a pu se réactiver tout seul, a indiqué à l'AFP une source proche de l'enquête.

Le directeur du Bureau éthiopien d'enquête, Amdiye Ayalew, a indiqué qu'il faudrait six mois à une année pour rédiger le rapport complet. Mais il a souligné que l'enquête préliminaire n'avait montré aucun signe de «dégât causé par un objet extérieur». Mme Dagmawit a elle aussi souligné que «tout semblait normal» au décollage».

Le PDG d'Ethiopian Airlines, Tewolde GebreMariam, s'est lui dit jeudi dans un communiqué «très fier de l'attitude de nos pilotes, qui ont suivi les procédures d'urgence recommandées, et de leur haut degré de professionnalisme dans une situation aussi difficile».

Selon le rapport préliminaire, les membres d'équipage avaient «les licences et qualifications» pour opérer l'avion qui s'est écrasé.

Le crash d'Ethiopian Airlines a provoqué l'immobilisation au sol des Boeing 737 MAX à travers le monde (archives).
Le crash d'Ethiopian Airlines a provoqué l'immobilisation au sol des Boeing 737 MAX à travers le monde (archives).
Source: KEYSTONE/AP/TED S. WARREN
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