Crimes sexuels Une deuxième témoin confirme le rôle de Ghislaine Maxwell 

AFP

7.12.2021 - 07:18

Un nouveau témoignage au procès pour trafic sexuel de mineures de Ghislaine Maxwell a mis en lumière, lundi à New York, le rôle de l'ancienne mondaine auprès du richissime financier américain Jeffrey Epstein, qu'elle était chargée de fournir en jeunes femmes selon l'accusation.

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Le cas de «Kate», une Britannique âgée de 17 ans au moment des faits, soit au-dessus de l'âge légal du consentement au Royaume-Uni, ne pourra donc pas être utilisé pour déclarer la Britannique Ghislaine Maxwell coupable, a indiqué la juge Alison Nathan aux jurés. Elle figurait pourtant parmi les quatre victimes citées par les procureurs dans l'acte d'accusation.

À l'instar de la première victime qui a raconté la semaine dernière les abus sexuels de Jeffrey Epstein quand elle n'avait que 14 ans, cette témoin a pu s'exprimer sous pseudonyme et a confirmé le rôle que jouait l'accusée, jugée pour avoir recruté de 1994 à 2004 de jeunes filles mineures afin de les mettre à disposition du financier américain mort en prison en 2019.

Des crimes que la fille du magnat des médias Robert Maxwell et ancienne figure de la jet-set internationale réfute et pour lesquels elle plaide non coupable devant le tribunal fédéral de Manhattan.

«Comment refuser»

C'est un ancien petit-ami qui avait présenté «Kate» à Ghislaine Maxwell, à Paris vers 1994, s'est-elle remémorée. À l'époque, «Kate» habite à Londres avec sa mère malade et rêve d'une carrière dans le monde du spectacle. «Elle était sophistiquée et très élégante... Elle était très impressionnante (...), je pensais avoir trouvé quelqu'un qui pourrait être très important pour moi», a-t-elle expliqué.

Les deux femmes se revoient à Londres et Ghislaine Maxwell évoque son ami Jeffrey Epstein, qu'elle décrit comme un philanthrope, «quelqu'un qui aime aider les jeunes». «Elle m'a promis qu'il m'apprécierait beaucoup (...) J'avais 17 ans, j'étais seule, je n'avais pas de groupe d'amis», a ajouté «Kate».

Quelques semaines plus tard, Ghislaine Maxwell l'invite dans sa résidence londonienne pour rencontrer M. Epstein. Elle lui demande de faire à l'homme d'affaires un premier massage des pieds et des épaules. Puis, quelques semaines plus tard, nouvelle invitation. Cette fois, Jeffrey Epstein se déshabille dans une pièce sombre, où se trouve une table de massage, avant que Ghislaine Maxwell ne quitte la pièce et ferme la porte. D'après «Kate», le massage s'est transformé en acte sexuel.

«Je ne savais pas comment refuser», a déclaré la témoin aux jurés, en racontant qu'elle a continué à voir le couple dans les résidences d'Epstein à Palm Beach (Floride), New York ou dans les Caraïbes. «Je ne voulais pas admettre ce qui m'arrivait (...) Je craignais de partir parce que je savais à quel point ils avaient des connexions», a ajouté «Kate».

Prince Andrew et Trump

Ghislaine Maxwell «semblait connaître tout le monde (...) Elle m'avait dit qu'elle avait le prince Andrew et Donald Trump pour amis», a-t-elle poursuivi.

Selon «Kate», l'accusée lui avait demandé si elle ne connaissait pas d'autres filles. «Tu vois ce qu'il aime, jolie et jeune comme toi», lui aurait-elle dit. Dans les résidences de Jeffrey Epstein, elle avait croisé d'autres filles, dont «une paraissait vraiment beaucoup plus jeune que moi».

Semblant vouloir couper l'herbe sous le pied de la défense, l'accusation a interrogé «Kate» sur une addiction à l'alcool, à la cocaïne et aux somnifères, ce à quoi elle a répondu qu'elle n'en prenait plus depuis mai 2003. «Les souvenirs que j'ai des événements importants de ma vie n'ont pas changé», a-t-elle répondu, ajoutant en larmes que «ces événements (lui revenaient) tout le temps en mémoire» et qu'elle en faisait «des cauchemars».

Elle a aussi déclaré qu'elle avait touché 3,25 millions de dollars du «fonds Epstein», un mécanisme officiel de réparation puisé dans la fortune du multimillionnaire après sa mort. Lors d'un contre-interrogatoire, la défense de Mme Maxwell a accusé «Kate», Britannique, d'avoir cherché à obtenir un visa américain réservé aux victimes d'agressions sexuelles en échange de son témoignage au procès.

L'intéressée a reconnu s'être un jour renseignée sur ce visa mais sans aller plus loin dans cette démarche.