Strasbourg Dans la capitale de Noël, le marché du ramadan se fait une place

ATS

3.4.2024 - 15:14

Spécialités culinaires, illuminations et animations: un peu plus de trois mois après son célèbre marché de Noël, Strasbourg accueille jusqu'au 9 avril un marché du ramadan, une manifestation moins imposante, mais qui grandit au fil des années.

Le marché du Ramadan qui se tient actuellement à Strasbourg avait attiré quelque 50'000 visiteurs en 2023.
Le marché du Ramadan qui se tient actuellement à Strasbourg avait attiré quelque 50'000 visiteurs en 2023.
ATS

Keystone-SDA

Un chapiteau de 2400 m2 déployé sur un terrain appartenant à la communauté musulmane turque Ditib accueille le public. Dehors, une cinquantaine de stands proposent un large éventail de la gastronomie turque, des brochettes de kebab aux baklavas, en passant par des simits (pains au sésame), des sarmas (feuilles de vigne farcies) ou des épices.

«J'aime bien venir pour la convivialité des lieux», explique Zaide Uygur, Française d'origine turque de 33 ans, venue avec son mari, ses enfants et des amies. «Ca nous permet d'être tous ensemble et de redécouvrir des plats qu'on ne mange pas tous les jours.»

Appel à la prière

Ditib, une organisation de l'islam turc officiel en France, prône un événement ouvert à tous, même si au coucher du soleil, l'appel à la prière résonne dans le chapiteau. Le public est varié: des familles avec des poussettes, des jeunes, des retraités, en vêtements traditionnels ou au look plus moderne.

«Il y a tout le monde ici, le mois de ramadan unit les différentes communautés», assure Zay, 34 ans, fonctionnaire d'Etat, qui n'est pas d'origine turque mais maghrébine. «C'est même ouvert aux non-musulmans qui peuvent venir manger et découvrir la culture. C'est un mois pour pacifier les relations». Elle regrette néanmoins que les présentations sur scène soient faites en turc. «Du coup, on ne comprend rien du tout», reconnaît-elle.

Parallèle avec le marché de Noël

D'après le porte-parole de Ditib Strasbourg, Saban Kiper, la mise en place de ce marché répond à une demande de la communauté d'avoir un lieu de retrouvailles et d'animations. «C'est un peu comme le jour de Noël», assure-t-il. «Le 24 décembre, vous êtes en famille, que vous soyez croyant ou non. Le ramadan, c'est le même état d'esprit, sauf que ça dure plus longtemps.»

Mais il ne prolonge pas la comparaison avec la fête chrétienne et son marché de Noël, une institution en Alsace, dont la dernière édition a attiré 3,3 millions de visiteurs. «Ce n'est pas comparable, le marché de Noël de Strasbourg a cinq siècles d'histoire, c'est le plus ancien d'Europe», concède-t-il volontiers. «On s'en inspire, mais nous n'en sommes qu'à la quatrième édition».

Climat parfois tendu

Les dirigeants de la communauté espèrent que ce marché, présenté comme le plus important au niveau national, contribuera à donner une autre image de la communauté musulmane et à normaliser les relations avec les autorités.

«Depuis l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015 à Paris, la question de l'islam est souvent abordée sous l'angle sécuritaire, malheureusement. Il y a une très forte stigmatisation, le climat est délétère», regrette Saban Kiper, qui prône la coexistence interreligieuse et intergénérationnelle.

Du côté de la mairie, les services sont intervenus pour réguler le stationnement et éviter que les riverains ne pâtissent de l'affluence, après quelques débordements les années précédentes.

Pour le reste, la ville n'intervient pas dans l'organisation de l'événement, qui se tient sur un terrain privé et pour lequel aucune demande de subvention n'a été formulée. «Il n'y a ni blocage ni aide spécifique», résume Jean Werlen, conseiller municipal chargé des cultes, pour qui ce marché est avant tout «une manifestation culturelle».