Crise migratoire Darmanin annonce «la fin du droit du sol» à Mayotte

bu

11.2.2024 - 14:58

Le ministre de l'intérieur français Gérald Darmanin, en déplacement à Mayotte, a annoncé dimanche une révision constitutionnelle pour supprimer le droit du sol sur l'île de l'océan Indien, confronté à une grave crise migratoire.

Le ministre a précisé que la suppression du droit du sol à Mayotte permettra de mettre fin aux titres de séjour territorialisés, un dispositif empêchant les détenteurs d'un titre de séjour mahorais de venir dans l'Hexagone (archives).
Le ministre a précisé que la suppression du droit du sol à Mayotte permettra de mettre fin aux titres de séjour territorialisés, un dispositif empêchant les détenteurs d'un titre de séjour mahorais de venir dans l'Hexagone (archives).
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Keystone-SDA, bu

«Nous allons prendre une décision radicale, qui est l'inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle que choisira le président de la République», a déclaré M. Darmanin à la presse dès sa descente d'avion. «Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas soi-même enfant de parent français», a-t-il ajouté.

Le département français est paralysé depuis le 22 janvier par des barrages routiers installés par des «collectifs citoyens» qui protestent contre l'insécurité et l'immigration incontrôlée. L'archipel mahorais est confronté à une forte pression migratoire en provenance des Comores voisines.

«C'est une mesure extrêmement forte, nette, radicale, qui évidemment sera circonscrite à l'archipel de Mayotte», a-t-il ajouté. Département le plus pauvre de France, Mayotte est peuplé de 310'000 habitants, dont 48% d'immigrés comoriens ou d'autres pays d'Afrique.

La plupart arrivent clandestinement à bord de barques de pêche traditionnelles, les «kwassa-kwassa», depuis l'île comorienne d'Anjouan, distante de seulement 70 km. Beaucoup vivent dans des «bangas» (cases) insalubres organisés en bidonville, qui se sont multipliés à Mayotte.

«Mayotte en colère»

Le ministre a précisé que la suppression du droit du sol à Mayotte, ainsi que le durcissement du regroupement familial permis par la loi Immigration votée en décembre, permettront de mettre fin aux titres de séjour territorialisés, un dispositif empêchant les détenteurs d'un titre de séjour mahorais de venir dans l'Hexagone.

Sa suppression est l'une des principales revendications des collectifs d'habitants en colère.

Plusieurs centaines de Mahorais attendaient à Mamoudzou l'arrivée du ministre accompagné par la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux. Ils ont été accueillis par des huées et des cris «Mayotte en colère».

«Wuambushu 2»

«Les annonces sont très encourageantes mais on attend de voir les actes. Tout ça va prendre du temps et pour le moment, ça ne changera pas notre quotidien», a expliqué à l'AFP une manifestante.

Saluant des «annonces fortes», le député LR de Mayotte Mansour Kamardine a demandé que la suppression du droit du sol à Mayotte soit inscrite dans le projet de loi constitutionnelle sur la Nouvelle-Calédonie, dont l'examen débutera le mois prochain au Parlement.

Au printemps 2023, des centaines de policiers et gendarmes avaient été déployés sur l'île dans la cadre de l'opération Wuambushu, destinée à tarir le flux d'arrivées de migrants, combattre l'habitat insalubre et la délinquance. Mais nombre d'habitants ont jugé ses résultats décevants.

Avant son arrivée, le ministère de l'Intérieur a annoncé la préparation d'une «nouvelle opération d'ampleur contre la délinquance et l'immigration illégale», baptisée par l'entourage de Gérald Darmanin d'"opération Wuambushu 2».