Tsinandali Festival De Verbier à Tsinandali, la musique unit

ATS

21.9.2019 - 09:05

Le 1er festival de Tsinandali s'achève dimanche en Géorgie. Durant deux semaines, des stars du classique s'y sont produites à l'invitation de Martin Engstroem, le fondateur du Verbier Festival. Objectif: contribuer à la paix et au développement de la région .

Le festival a attiré quelque 10'000 mélomanes à Tsinandali depuis le 8 septembre. Son directeur artistique Martin Engstroem a raconté sa genèse à Keystone-ATS. «Les organisateurs sont venus me chercher grâce au succès de Verbier (VS). Ils m'ont donné les instruments pour construire un grand festival dans ce lieu. Ils ont également accepté mon idée de créer un bel orchestre pan-caucasien», s'est-il réjoui.

Cadre magique

Lui et son partenaire du Verbier Festival, Avi Soshani, ont été séduits par un «cadre magique». En face des monts du Caucase, la manifestation a pris ses quartiers dans un domaine viticole qui a appartenu au prince et poète géorgien Alexandre Chavchavadzé, dont la maison natale a été transformée en musée.

Rénové, le lieu se situe à deux heures de la capitale Tbilissi et s'atteint par une route plutôt sinueuse. Un amphithéâtre extérieur couvert de 1200 places et une salle de 600 places accueillent le public, tout comme un luxueux hôtel. L'éloignement n'est pas un obstacle pour qui recherche une expérience différente, estime Martin Engstroem.

Orchestre de jeunes

«Le rêve est devenu réalité», a relevé George Ramishvili, président du groupe Silk Road, fondateur et l'un des deux principaux mécènes du festival. Il s'est réjoui de la renaissance d'un lieu qui a accueilli en son temps les écrivains russe Alexandre Pouchkine et français Alexandre Dumas père.

Les partenaires de l'aventure ont insisté sur la mission de la manifestation: apporter un message de paix dans une région sous tension, notamment par la création d'un orchestre de jeunes.

Le Pan-Caucasian Youth Orchestra (PCYO) réunit ainsi 80 musiciens de pays «pas franchement amis», de l'Azerbaïdjan au Kazakhstan, en passant par l'Arménie, l'Ukraine ou encore la Turquie. «Ces jeunes, leurs parents ne se parlent pas, mais eux vont le faire», souligne Martin Engstroem.

Développer le tourisme

«Avoir un grand festival, cela manquait dans le pays», poursuit-il. Le but est également de développer le tourisme dans une contrée qui devient à la mode et qui a fort besoin de devises. «Voir quelques noms d'artistes connus, cela facilite la décision de partir».

Le directeur artistique a en effet sorti son carnet d'adresses pour attirer les mélomanes à Tsinandali. Le PCYO qui a ouvert les feux par «l'Everest de la musique», la symphonie no 2 de Mahler, est ainsi dirigé par le maestro Gianandrea Noseda, engagé pour trois ans.

Parmi la quarantaine d'artistes internationaux de haute volée, le violoniste Renaud Capuçon et son frère violoncelliste Gautier, les pianistes András Schiff et Nicholas Angelich, le clarinettiste Martin Fröst ou encore la violoniste Lisa Batiashvili, elle-même née en Géorgie.

A noter également, la présence du Verbier Festival Chamber Orchestra, dirigé par Gabor Takacs-Nagy et Pinchas Zuckermann, ainsi que des «master classes» pour les jeunes musiciens.

Quatre à cinq ans

«A l'heure actuelle, 80% des visiteurs sont des Géorgiens, les autres proviennent des pays voisins. J'espère que d'ici quelques années, ce sera moitié-moitié. Il faudra quatre à cinq ans pour voir si la sauce a pris», relève le directeur artistique, soulignant que les prix doivent rester abordables pour les natifs.

Ce «hub» musical prodiguera régulièrement des formations. Martin Engstroem imagine aussi des spectacles de danse ou de théâtre, en provenance des pays voisins.

Sur la carte du monde

Non communiqué, le budget est financé à 3/5 par des fonds privés. Le gouvernement géorgien y participe. La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili a déclaré à Keystone-ATS lors de la soirée d'ouverture que «ce festival s'inscrivait parfaitement dans une Géorgie qui réintègre l'Europe de la culture».

«Il nous place sur la carte du monde. Nous avons beaucoup de talents, de très grandes voix, de grands pianistes et violonistes à l'extérieur. La musique est cependant une force culturelle qui fait partie du paysage national depuis toujours, avec notamment la grande tradition des chants géorgiens», a-t-elle rappelé.

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