«Je n'ai jamais abusé une femme»Depardieu devant la justice à Paris pour agressions sexuelles
ATS
22.3.2025 - 08:03
Après un premier renvoi de son procès pour agressions sexuelles lors du tournage d'un film de Jean Becker en 2021, l'acteur français Gérard Depardieu devrait faire face lundi à ses deux accusatrices au tribunal correctionnel de Paris.
Le comédien, par ailleurs mis en examen pour viol et qui a fait l'objet de plusieurs plaintes pour violences sexuelles, fera face à deux femmes: Amélie, 54 ans, et Sarah (prénom modifié), 34 ans (archives).
Keystone-SDA
22.03.2025, 08:03
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Son procès, initialement prévu en octobre, avait été renvoyé en raison de l'état de santé de l'acteur, qui ne s'était pas présenté à l'audience. Son avocat avait fait valoir qu'il avait subi un quadruple pontage coronarien et qu'il souffrait d'un diabète amplifié par le stress du procès à venir.
Depuis lors, M. Depardieu a été vu par un expert médical, qui a établi, selon son avocat, que l'acteur âgé de 76 ans était apte à comparaître.
Le comédien, par ailleurs mis en examen pour viol et qui a fait l'objet de plusieurs plaintes pour violences sexuelles, fera face à deux femmes: Amélie, 54 ans, et Sarah (prénom modifié), 34 ans. Ces dernières accusent Gérard Depardieu d'agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes pendant le tournage du film «Les Volets Verts» de Jean Becker en 2021.
«Attrapée avec brutalité»
«Mon client veut dire sa vérité parce qu'il est victime d'accusations mensongères», a insisté l'avocat de M. Depardieu.
Dans sa plainte déposée en février 2024, Amélie dénonçait des faits remontant à septembre 2021, qui se seraient déroulés pendant le tournage dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris.
Dans son récit au site d'investigation Mediapart, la décoratrice expliquait que Gérard Depardieu aurait soudainement hurlé, lors d'une conversation, qu'il voulait un «ventilateur», car il ne pouvait «même plus bander» avec cette chaleur, puis il aurait assuré pouvoir «faire jouir les femmes sans les toucher».
Une heure plus tard, il l'aurait «attrapée avec brutalité» et l'aurait «bloquée en refermant ses jambes sur [elle] comme un crabe», puis lui aurait «pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu'à [ses] seins», assure-t-elle. Il lui aurait également tenu des «propos obscènes».
«Ma cliente espère que, cette fois, le procès aura bien lieu», a déclaré son avocat, qui redoute «des manoeuvres de la défense de l'acteur pour échapper à son procès».
«Salaceries»
Même inquiétude de la part de l'autre plaignante, Sarah, assistante réalisatrice sur le film. «Ce à quoi aspire ma cliente, c'est que les débats aient lieu, mais je suis aussi inquiète de la manière dont la défense de M. Depardieu traitera les parties civiles à l'audience», a déclaré son défenseur.
Le tournage a également marqué l'actrice Anouk Grinberg, qui avait évoqué «des salaceries» de la part de Gérard Depardieu dans un entretien à l'AFP. «Quand des producteurs de films engagent Depardieu sur un film, ils savent qu'ils engagent un agresseur».
«J'ai toujours entendu [Gérard Depardieu] avoir des propos sexuels, graveleux», mais son comportement a «très, très gravement empiré, avec la permission du métier qui le paie pour cela et qui couvre ses délits», avait-elle fustigé.
Figure du cinéma français connu dans le monde entier, Gérard Depardieu a été accusé de comportements identiques par une vingtaine de femmes, mais plusieurs procédures ont été classées pour cause de prescription des faits.
Depardieu conteste
La comédienne française Charlotte Arnould a été la première à porter plainte en 2018. En août dernier, le parquet de Paris a requis un procès pour viols et agressions sexuelles à l'encontre de l'acteur.
«Jamais, au grand jamais je n'ai abusé d'une femme», avait assuré l'acteur dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro en octobre 2023.
En décembre 2023, le président Emmanuel Macron avait choqué les associations féministes en saluant un «immense acteur» qui «rend fière la France» et en dénonçant «une chasse à l'homme» après la diffusion d'un reportage dans l'émission «Complément d'Enquête» sur la chaîne France 2 au cours duquel l'acteur multipliait les propos misogynes.
Dans un autre extrait, M. Depardieu semblait également tenir des propos à caractère sexuel concernant une fillette. La défense de l'acteur a dénoncé un montage frauduleux.