Effondrement d'un pont Des moyens gigantesques déployés à Baltimore

mabe

30.3.2024 - 08:21

Une opération «incroyablement complexe» et cruciale pour l'économie des Etats-Unis: les autorités américaines ont détaillé vendredi l'ampleur des moyens déployés pour dégager les débris du pont qui s'est effondré à Baltimore cette semaine après avoir été percuté.

mabe

De leur côté, des travailleurs immigrés ont tenu une conférence de presse pour rendre hommage aux ouvriers morts lors de l'accident, en réclamant «respect et dignité» pour les migrants.

Le pont Francis Scott Key, emprunté chaque jour par des dizaines de milliers de véhicules, s'est écroulé tel un château de cartes mardi, bloquant l'entrée du port de Baltimore, sur la côte Est des Etats-Unis. Les corps de deux des six travailleurs portés disparus et considérés comme morts ont été retrouvés. Le président Joe Biden a annoncé qu'il se rendrait à Baltimore la semaine prochaine.

«Nous devons dégager le chenal et ouvrir le trafic maritime vers le port. Parce que la santé de l'économie du Maryland (où se trouve Baltimore) et de l'économie nationale en dépend», a déclaré le gouverneur de l'Etat, Wes Moore, lors d'un point de presse. «C'est une opération incroyablement complexe», a-t-il ajouté.

Tour Eiffel

Pour donner une idée de l'énormité de la tâche, il a décrit le chargement du cargo qui a percuté le pont comme étant «environ de la taille de la tour Eiffel». Des conteneurs à son bord ont eux été «déchirés en deux comme s'il s'agissait de papier mâché», a-t-il encore dit.

Dans la nuit, une énorme grue, la «Chesapeake 1000», capable de soulever 1000 tonnes, est arrivée sur place à bord d'une barge et se tient prête à commencer les travaux, selon les autorités. Le défi, c'est que «le pont, qui repose actuellement sur le navire, pèse entre 3000 et 4000 tonnes», a précisé M. Moore. Il faut donc découper les gigantesques morceaux de métal et les déplacer.

«Nous ne pouvons pas reconstruire le pont tant que nous n'avons pas» dégagé les débris, a insisté le gouverneur. La Marine américaine va mettre à disposition des travaux quatre grues, dont trois sont déjà arrivées – l'une d'elles est la Chesapeake.

«Dans les semaines à venir, nous prévoyons que les entités suivantes se trouvent sur l'eau: sept grues flottantes, dix remorqueurs, neuf barges, huit navires de sauvetage et cinq bateaux des garde-côtes», a détaillé Wes Moore. Les opérations pour retrouver les dépouilles des ouvriers victimes de l'accident ont été interrompues car les autorités ont jugé trop dangereux le travail des plongeurs sur le lieu de l'accident.

«Diabolisés»

Quatre hommes, tous des immigrés latino-américains, sont présumés morts après que le Dali, un porte-conteneurs long de 300 mètres pour 48 mètres de largeur, s'est encastré dans une pile du pont à cause de problèmes de propulsion. Ils faisaient partie d'une équipe de huit ouvriers travaillant de nuit à la réparation de la chaussée du pont. Deux d'entre eux ont été secourus peu après l'effondrement de la structure.

«Dans un pays où les migrants sont souvent diabolisés (...), cela nous rappelle une fois de plus les énormes contributions des immigrés à ce pays», a dit lors d'une conférence de presse en hommage aux victimes et aux travailleurs immigrés le directeur exécutif de l'ONG Casa, Gustavo Torres.

«Le moment est venu pour le président d'apporter de l'aide à ces travailleurs qui, avec leurs frères et soeurs nés aux Etats-Unis, construisent ce pays», a-t-il ajouté, tandis qu'un travailleur immigré portant le casque jaune des ouvriers réclamait «respect et dignité».

Le Maryland, où se situe Baltimore, a demandé à l'Etat fédéral une première enveloppe de 60 millions de dollars, appel rapidement entendu par le gouvernement. Après le drame, Joe Biden s'est engagé à ce que l'administration fédérale prenne en charge l'intégralité du coût de la reconstruction du pont.

En raison de cet accident, le transport maritime reste suspendu. Jeudi, le patron du marché de l'assurance Lloyd's of London a prévenu que l'indemnisation de l'accident par les compagnies d'assurance pourrait être la plus élevée jamais versée dans le transport maritime.