Coronavirus Désinformation sévèrement punie en Bolivie

ATS

12.5.2020 - 04:52

Le décret a été promulgué par la présidente par intérim de la Bolivie, Jeanine Añez (archives).
Le décret a été promulgué par la présidente par intérim de la Bolivie, Jeanine Añez (archives).
Source: Keystone/EPA Bolivian Presidency/BOLIVIAN PRESIDENCY HANDOUT

Le pouvoir intérimaire bolivien a instauré des sanctions pénales allant jusqu'à 10 ans de prison pour toute désinformation sur le coronavirus. Cette décision a déclenché lundi une vague de protestations des associations de journalistes.

Avec ce décret, «les citoyens qui essaient sur les réseaux sociaux de créer la confusion, d'avoir une mauvaise approche de l'information, devront faire attention», a déclaré lundi le ministre de la Présidence, Yerko Nunez.

Le décret instaure des peines, entre un et dix ans d'emprisonnement, contre les personnes qui «diffusent sous forme écrite, imprimée, artistique et/ou sous une autre forme une information qui met en danger ou affecte la santé publique, créant l'incertitude parmi la population». Les nouvelles dispositions visent «ceux qui veulent opposer et diviser les Boliviens», a déclaré M. Nunez.

Le décret a été promulgué en fin de semaine par la présidente par intérim de la Bolivie, Jeanine Añez. Mme Añez, une sénatrice de droite, est devenue présidente par intérim après la démission et le départ de Bolivie du président socialiste Evo Morales en novembre 2019.

Retrait exigé

Les associations de la presse bolivienne ont exigé lundi la suppression du décret, qui introduit selon elles «une restriction sévère et inconstitutionnelle en pénalisant le droit fondamental à la liberté d'expression».

Le décret, qui durcit les dispositions d'un précédent décret adopté en mars, constitue «un grave risque» pour la liberté d'expression «car il pénalise l'information, non la désinformation», a déclaré le journaliste et avocat Andres Gomez.

«Il s'agit d'une claire violation de la liberté d'expression», a aussi estimé Eva Copa, la présidente du Sénat, qui est dans l'opposition.

Le décret de mars avait déjà été critiqué par Amnesty International, par la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) et par Human Rights Watch.

Twitter renforce ses règles

Twitter a de son côté de nouveau renforcé ses règles lundi pour lutter contre la désinformation sur la pandémie, en élargissant les types de messages qui pourront être signalés aux utilisateurs comme potentiellement «trompeurs» ou «controversés».

Twitter s'était déjà attaqué en mars aux propos directement contraires aux recommandations des autorités sanitaires.

«Désormais, nous utiliserons des étiquettes et des messages d'avertissement pour fournir des explications supplémentaires et des clarifications dans les situations où des tweets ont moins de risque de nuire mais peuvent tout de même semer la confusion ou tromper des personnes», a indiqué la plateforme dans un communiqué.

En fonction du potentiel de danger des messages (modéré ou fort) et du type de problèmes qu'ils soulèvent (information non vérifiée, disputée ou trompeuse), les modérateurs du réseau répondront avec des mises en garde ou des avertissements, et iront jusqu'au retrait dans le pire des cas (information trompeuse et dangereuse).

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