Nouvelle-CalédonieDeux morts lors d'une opération des forces de l'ordre vers Nouméa
ATS
19.9.2024 - 07:44
Deux hommes ont été tués au cours d'une opération des forces de l'ordre menée dans la nuit de mercredi à jeudi au sud de Nouméa. Ces drames portent à treize le nombre de décès depuis le début en mai de troubles en Nouvelle-Calédonie, ont indiqué à l'AFP les autorités.
19.09.2024, 07:44
19.09.2024, 09:08
ATS
Deux habitants de la tribu kanak de Saint-Louis âgés de 29 et 30 ans ont été mortellement blessés par les tirs d'un membre du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), a indiqué dans un communiqué le procureur de la République de Nouméa Yves Dupas, qui a ouvert deux enquêtes.
Ces coups de feu ont été tirés alors «que des gendarmes en mission d'observation auraient été directement menacés par (un) groupe d'individus armés», selon le magistrat.
Les deux hommes tués faisaient l'objet d'un mandat de recherches délivré en juillet contre 13 personnes localisées à la tribu de Saint-Louis, a précisé le procureur.
Ces personnes sont soupçonnées d'être les auteurs de tirs sur les forces de l'ordre, notamment sous l'autorité de Rock Victorin Wamytan, surnommé «Banane», tué le 10 juillet lors d'un échange de tirs avec les gendarmes.
Elles sont également soupçonnées d'une cinquantaine de car-jacking à main armée sur la route passant devant la tribu.
Jeudi matin, plusieurs dizaines de personnes s'étaient rassemblées après avoir appris au moins un décès lors de l'opération menée dans la nuit par les gendarmes, donnant lieu à un face-à-face tendu, avant que la tension ne retombe, a constaté une correspondante de l'AFP.
Les forces de l'ordre ont procédé à des tirs de gaz lacrymogènes.
«On n'est pas des terroristes, on n'est pas en état de guerre», lançait une mère de famille lors de l'opération.
«Pourquoi vous tuez nos enfants? On n'a pas d'armes», criait aussi Brigitte, une jeune habitante de Saint-Louis.
Dans un communiqué, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), l'alliance indépendantiste de l'archipel, a déploré un «jeudi noir pour le peuple kanak», accusant l'Etat français d'une «guerre contre la tribu de Saint-Louis» et d'un «génocide» contre la minorité autochtone calédonienne.
Deux feux de poubelle ou de pneus ont été allumés sur certains axes près de Saint-Louis ou dans la périphérie de Nouméa, selon les correspondants de l'AFP.
Route fermée
Depuis le début le 13 mai des violences liées à la mobilisation indépendantiste contre la réforme du corps électoral, treize personnes ont été tuées, dont deux gendarmes.
Des centaines de personnes ont par ailleurs été blessées et les dégâts matériels ont été estimés à au moins 2,2 milliards d'euros, lors de ces violences d'une ampleur inédite depuis la quasi-guerre civile des années 1980.
Si la tension est nettement redescendue depuis mi-juillet, le sud de la Grande Terre (l'île principale de l'archipel) est toujours inaccessible par la route.
Les forces de l'ordre ont totalement fermé six kilomètres de route en raison de l'insécurité qui règne au niveau de la tribu de Saint-Louis, bastion indépendantiste et passage obligé à une dizaine de kilomètres de Nouméa.
En quatre mois, la gendarmerie estime avoir essuyé plus de 300 coups de feu.
En raison de la fermeture de la route, les 1.200 personnes habitant à la tribu ne peuvent y accéder qu'à pied et après avoir présenté une pièce d'identité aux gendarmes pour pouvoir passer les «verrous», au nord et au sud.