Assassinat à GenèveDiplomate égyptien tué : l'accusé principal conteste et explique
aula, ats
13.12.2024 - 11:54
Le Tribunal pénal fédéral a terminé vendredi l’instruction de l’affaire de l’assassinat d’un diplomate égyptien en 1995 à Genève. Confronté aux éléments à charge et aux témoignages des victimes, l’accusé principal, un vendeur de voitures de 55 ans italo-ivoirien, a continué à réfuter les griefs les plus graves.
Le principal accusé a parfois eu du mal à répondre aux questions précises du président de la cour.
ATS
Keystone-SDA, aula, ats
13.12.2024, 11:54
13.12.2024, 16:36
ATS
Le président Jean-Luc Bacher a rappelé les éléments qui incriminent le prévenu ainsi que sa compagne d’alors, accusée de complicité d’assassinat. De l’ADN et une empreinte ont été mis en évidence sur le silencieux retrouvé sur le lieu du crime. Cet atténuateur de son a été bricolé avec de la mousse d’appuie-tête de voiture et de la bande autocollante.
L’accusé a réaffirmé n’avoir jamais vu cet objet. Durant l’enquête, il avait émis l’hypothèse qu’il aurait pu le ramasser quelque part, ce qui expliquerait ces traces. Le président lui a rappelé une phrase échangée à voix basse avec son avocat lorsque la police l’a confronté pour la première fois à ces indices: «J’ai été rattrapé par la technique...» Pour le quinquagénaire, ces paroles ont été mal interprétées, il voulait juste exprimer son ignorance des techniques forensiques et sa lassitude de l'interrogatoire.
Comportement ambigu en prison
Le témoignage de l’agent infiltré par la Police fédérale (Fedpol) à Champ-Dollon a aussi été évoqué devant la Cour des affaires pénales. Dans sa cellule, le vendeur de voitures aurait «mimé» à plusieurs reprises avec sa chaussure comment le silencieux pouvait avoir été fabriqué.
Selon l’homme de Fedpol, l’accusé lui aurait demandé de jouer le rôle d’un enquêteur afin de tester des scénarios d’interrogatoire. Il aurait aussi parlé du fils du président Moubarak: ce dignitaire serait venu à Genève peu avant l’assassinat pour «recruter des mercenaires». Le prévenu aurait dit craindre «d’être éliminé par les services secrets égyptiens».
Souvent volubile dans ses réponses, l’accusé a aussi été confronté à des messages à une connaissance au Canada. Il lui disait de ne pas venir en France ou à Genève parce qu’elle était recherchée. Il avait ensuite précisé «13.11.1995», puis «La date où le Monsieur il est mort». Comme pour d’autres points, l’intéressé a parlé d'embrouilles sur des voitures.
Interrogé sur les viols de deux ex-compagnes, cet ancien agent de sécurité a tout nié. Ces dénonciations seraient dues à une volonté de nuire: «On a voulu me casser». Il attribue le comportement ambigu d’une d'entre elles à la prise de médicaments.
Le quinquagénaire a contesté encore toute menace contre ces deux femmes. Il ne comprend pas qu’elles craignent des représailles. Il a certes admis avoir fracassé la porte d’une ex. «Mais elle était déjà abimée», a-t-il ajouté. De manière générale, il s'est trouvé des excuses ou a attribué la responsabilité aux autres.
«Erreur et inadvertance»
Ainsi, l’accusé a parlé «d’erreur et d’inadvertance» à propos de six vidéos de violence et de pornographie retrouvées sur son téléphone. On les lui aurait transmises pour «information». Concernant une scène de zoophilie, il a lancé «Moi, j’aime les chiens, on ne peut pas m'accuser d'apprécier ce genre d’images».
En fin d'après-midi, la Cour des affaires pénales a décortiqué les divers délits financiers dont répond l’accusé, ainsi que des infractions routières.
Le prévenu, un double national italo-ivoirien, est accusé d’assassinat, de lésions corporelles, de viols, de menaces, de pornographie et de représentation de la violence, d’escroquerie et de gestion déloyale, notamment. Sa coaccusée, une Franco-Suisse de 49 ans, répond de complicité d’assassinat. Elle est soupçonnée d’avoir participé à la fabrication du silencieux.
Le procès reprendra les 8 et 9 janvier 2025 avec le réquisitoire du Ministère public de la Confédération et les plaidoiries des parties plaignantes et de la défense. Les deux accusés sont présumés innocents jusqu’à ce qu’une condamnation définitive soit entrée en force.