Enquête de la RTS Du cacao illégal dans le chocolat suisse?

pab

21.1.2019

Image d'illustration 
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Keystone / archives

Le cacao de Côte d’Ivoire est au cœur de beaucoup de produits Nestlé, comme par exemple les branches Cailler. La multinationale promet du chocolat suisse 100% commerce équitable, ainsi que du chocolat respectueux de la nature. Pourtant, une enquête de la RTS, diffusée dimanche soir dans l'émission «Mise au Point», révèle comment du cacao illégal issu de forêts protégées serait utilisé par Nestlé.

Le reportage propose aux spectateurs tout d'abord un voyage en Côte d’Ivoire, dans le parc de Maraouhé, une des dernières forêts sauvages du pays et l’un des refuges des derniers éléphants ivoiriens, où la forêt, avec un sol fertile, est remplacée par des plantations illégales de cacao.

A l’intérieur du parc, un très jeune agriculteur exploite une plantation de cacao illégale, mais vitale pour lui: «Je vends mes fèves de cacao pour faire vivre ma famille. Je vends à différents intermédiaires», affirme-t-il au journaliste de «Mise au Point».

Ce cultivateur gagne un peu plus d’un franc suisse par kilo. Il a vendu 300 kilos en 2018 et fait partie de ces milliers de petits cultivateurs de cacao qui vivent dans la plus grande pauvreté. Seulement 3,3% du prix du chocolat final revient aux paysans, selon International Cocao Organization (ICCO).

Le cacao de ce jeune homme passe par des coopératives des villes limitrophes du parc Maraouhé. Ces coopératives n’ont souvent rien d’un regroupement d’agriculteurs, travaillant ensemble pour améliorer leur vie. Il y a un patron et il achète à des dizaines de pisteurs des fèves à la provenance douteuse.

Une fois dans les entrepôts, comme le montre la caméra de «Mise au Point», les fèves sont mélangées avec du cacao d’autres plantations. La traçabilité du cacao est ainsi perdue. Ces sacs contenant du cacao mélangé sont revendus comme cacao UTZ, lettres qui désignent un label de commerce équitable.

Un label UTZ qui se retrouve sur les emballages de nombreux chocolatiers, notamment Cailler, de Nestlé. Cette certification se veut pourtant une preuve du respect de la protection de la nature.

Nestlé va vérifier

La RTS a pu remonter la filière. Les sacs contenant du cacao illégal terminent dans une centrale régionale de Cargill, un géant des matières premières qui a son siège à Genève. Questionné par la RTS, Cargill conteste par écrit: «Cargill n’achète pas de cacao dans des parc nationaux ou des réserves conformément à nos engagements. Nous travaillons sur une traçabilité de 100% de notre chaîne d’approvisionnement. Nous faisons de bons progrès.»

Des employés de Cargill expliquent au journaliste de la RTS revendre le cacao à Nestlé et l’exporter vers l’Europe. La multinationale de Vevey répond qu’elle contrôle scrupuleusement ses filières d’approvisionnement. Elle indique avoir injecté des dizaines de millions pour améliorer la protection de la nature et le niveau de vie des cultivateurs.

Nestlé précise à la RTS: «Le cacao produit de manière illégale n’a aucune place dans notre chaîne d’approvisionnement. Le cacao que nous utilisons dans le cadre du plan cacao de Nestlé est produit de manière responsable, et ne provient pas de forêts classées. Nous enquêterons immédiatement sur toutes les allégations faites dans l’émission et nous prendrons les mesures qui s’imposent si elles sont fondées.»

Malgré l’engagement des différents acteurs de la chaîne du cacao, le constat, selon la RTS, reste amer. Près de 80% de la forêt sauvage de Côte d’Ivoire a disparu ces 20 dernières années. Ceci en grande partie à cause des plantations de cacao. Les moyens ne manqueraient pourtant pas, le marché du chocolat pesant près de 100 milliards de dollars.

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