Nyon - «Imprévoyance coupable» Elle décède des suites d’un accouchement difficile 

ll, ats

28.8.2023 - 15:08

Un gynécologue a comparu lundi pour homicide par négligence devant le Tribunal de police de l’arrondissement de la Côte, à Nyon. En juillet 2017, une jeune femme était décédée des suites de la naissance de son troisième enfant.

Se basant sur la bonne évolution de sa patiente, le gynécologue l’avait autorisée à quitter l’hôpital au surlendemain de son accouchement difficile. (image d'illustration)
Se basant sur la bonne évolution de sa patiente, le gynécologue l’avait autorisée à quitter l’hôpital au surlendemain de son accouchement difficile. (image d'illustration)
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La mère de famille de 30 ans avait succombé chez elle trois semaines après la naissance de son bébé. A l'hôpital, cet accouchement difficile avait nécessité une césarienne d’urgence suivie d'une intervention chirurgicale en raison d'une complication sévère.

Imprévoyance coupable

C’est le prévenu, un médecin de 53 ans, qui l’avait opérée alors trois heures durant. Il est désormais accusé d’homicide par négligence, un chef d’accusation qui pourrait lui valoir jusqu’à trois années d’emprisonnement.

Ce gynécologue expérimenté, qui dit avoir 8’000 à 10'000 accouchements à son actif dont un tiers de césariennes, s’exprime d’une voix calme. Il apparaît cependant un peu gêné de faire face à la famille de sa victime et notamment au mari.

Le Ministère public reproche principalement à ce chirurgien de ne pas avoir pris connaissance de l’avis qu’il avait pourtant sollicité auprès de son collègue urologue, ce qui aurait dû être fait selon les règles de l’art. Le procureur estime qu’il s’agit là d’une «imprévoyance coupable».

Infection rénale

Se basant sur la bonne évolution de sa patiente, le prévenu l’avait autorisée à quitter l’hôpital au surlendemain de son accouchement difficile. Dans les jours suivants, la femme avait développé l’infection rénale qui lui fut fatale et qu’un bon suivi adéquat aurait dû permettre d’éviter. Les points de suture, posés par le prévenu et qui avaient entraîné un rétrécissement de son uretère gauche, ont joué un rôle central dans cette infection.

Vingt jours plus tard, le 23 juillet à l’aube, le mari de la victime l’avait retrouvée inconsciente sur leur canapé. Quelques heures auparavant, elle avait allaité leur fille avant de la reposer dans son berceau. Les secours ne sont malheureusement pas parvenus à la ranimer.

Selon une expertise urologique, réalisée pendant l’instruction, si le cas de cette patiente avait été suivi avec la rigueur requise, son décès aurait pu être évité avec une probabilité de 95%.

Suite d'évènements malheureux

Le gynécologue n’a pas fait le lien entre les douleurs exprimées par sa patiente et une évolution défavorable. «Je les ai mises en relation avec le contexte difficile de l’opération et la réaction inflammatoire globale générée aussi par le processus de cicatrisation», explique le quinquagénaire. Il argue que s’il y avait eu quelque chose à faire, son collègue urologue le lui aurait signalé.

«Ce drame est la faute à une suite d’évènements malheureux. Je suis triste de cette évolution. Je ne sais pas ce que je peux dire de plus», a-t-il affirmé à l’adresse du mari de la victime.

«Si j’avais eu un rapport radiologique différent, j’aurais redemandé un autre examen», précise aussi l’obstétricien qui a indiqué: «j’ai le sentiment de m’être suffisamment mobilisé sur ma patiente du début à la fin. Peut-être n’ai-je pas été convaincant auprès de ma patiente pour qu’elle revienne consulter en cas de problème».

L’instruction se poursuit avec l’audition de témoins. Les plaidoiries des parties et le réquisitoire sont agendés mardi. Le verdict devrait être connu le lundi 4 septembre.