50 ans et toujours jeune Encore aujourd’hui, la Mercedes C111 semble venir du futur

De Thomas Geiger, dpa

12.10.2020

Elle était la carte maîtresse du jeu «Autoquartett»: la Mercedes C111 avait tout ce qu’il fallait pour chambouler le monde des voitures de sport – mais elle n’a jamais été produite en série. Ce bolide futuriste a été dévoilé il y a 50 ans.

Alors que le vaisseau spatial Enterprise semble assez démodé aujourd’hui, on ne peut que sourire lorsque l’on entend parler de KITT, la voiture de «K 2000», ou encore de la DeLorean de «Retour vers le futur».

Mais quand une Mercedes C111 apparaît quelque part, on a toujours l’impression d’être dans le futur. Et pourtant, ce bolide orange vif souffle ses 50 bougies – il n’en demeure pas moins une voiture de rêve.

Dévoilée en deux versions à l’IAA de Francfort à l’automne 1969 et au Salon de l’automobile de Genève au printemps 1970, cette supersportive agrémentée de portes papillon était tellement en avance sur son temps en matière de design et de technologie qu’elle semble venir du futur encore aujourd'hui. Pas étonnant qu’elle ait volé la vedette à toutes les autres innovations des salons.

Une production en série jamais envisagée

Pourtant, sa production en série «n’a jamais été prévue», explique Ralph Wagenknecht, porte-parole de Mercedes-Benz Classic. En effet, aussi révolutionnaire que fût le design attribué à Bruno Sacco, la C111 était purement conçue à des fins de recherche et d’expérimentation. Ainsi, la douzaine d’exemplaires déclinés en quatre séries chichement modifiées représentaient déjà presque un grand tirage, comme le souligne Ralph Wagenknecht, qui précise que la plupart des véhicules de recherche ultérieurs sont restés des exemplaires uniques.

L’utilisation de matériaux plastiques renforcés dans la structure de la carrosserie devait aider les concepteurs à acquérir de nouvelles connaissances, alors que le moteur rotatif devrait finir par réaliser une percée, explique Ralph Wagenknecht au sujet des priorités des ingénieurs.

C’est pourquoi l’arrière du bolide accueillait au départ des moteurs comportant jusqu’à quatre pistons rotatifs, d’un volume de combustion maximal de 2,4 litres et développant au maximum 257 kW/350 ch. L’exemplaire le plus rapide de la C111 pouvait ainsi passer de 0 à 100 km/h en 4,8 secondes et monter jusqu’à 300 km/h.

La crise du pétrole a ensuite mis des bâtons dans les roues de Mercedes et sonné aussitôt le glas de la mode des supersportives et des records de vitesse, tandis que l’idée du moteur rotatif a finalement été mise au placard pour de bon. Mais pas la C111: en quête d’alternatives efficaces en matière de transmission, Mercedes a misé sur le diesel et entrepris de défaire l’image d’«escargot» qui lui collait à le peau en établissant des records.

Des moteurs diesel qui rugissent jusque dans les Pouilles

C’est pour remplir cette mission qu’en 1976, un cortège de pilotes d’essai a parcouru la piste circulaire à grande vitesse de Nardò, dans les Pouilles. Propulsés par le diesel cinq cylindres de la «/8» affichant néanmoins des performances plus de deux fois plus élevées (139 kW/190 ch), quatre pilotes y ont établi 16 records du monde en 60 heures et ont terminé leurs essais avec un bilan qui allait à l’encontre de tous les préjugés: les instruments de mesure indiquaient au final 252 km/h.

Ainsi motivés, les ingénieurs sont retournés à Nardò deux ans plus tard avec une C111 parée d’une carrosserie aérodynamique couleur argent; développant 169 kW/230 ch, elle a même fracassé la barre des 300 km/h.

Mais l’ascension ne s’est pas arrêtée là, puisque celle-ci a pris fin avec la quatrième phase d’itération: équipée d’un moteur essence V8 développant environ 367 kW/500 ch, la C111 a battu le record du circuit un an plus tard en grimpant à près de 404 km/h.

Pas étonnant qu’à l’issue de ses années de service, la C111 ne soit pas restée longtemps au garage parmi les autres prototypes avant de prendre place au musée. En effet, les portes papillon orange vif n’ont encore rien perdu de leur éclat. En outre, l’expérience de conduite fascinante que le bolide offrait se retrouve immédiatement lorsque l’un de ces fringants retraités reprend du service. Et ce, même si aucun moteur expérimental ou ultra-performant n’est installé.

Sièges à motif Pepita et climatisation

Il est vrai que la C111 est plate et étroite et que l’entrée par-dessus les larges longerons latéraux nécessite un peu de gymnastique. Mais à bord du bolide, on a tout sauf l’impression d’être assis dans un véhicule purement dédié au développement. En effet, même si le cuir s’est désormais quelque peu fragilisé et que certaines jointures se sont dangereusement détériorées, on reconnaît encore tout le luxe qui caractérise une Mercedes.

On y trouve des sièges en cuir avec des pans de tissu ornés d’un sublime motif Pepita, ainsi qu’un système de climatisation. Les développeurs ont même permis aux pilotes d’essai de profiter d’un autoradio – même s’il a fallu l’installer à la verticale pour des raisons de place.

Lorsque l’on a déjà pris place à bord d’une C111 et piloté la voiture, on a encore plus de mal à comprendre comment Mercedes a pu refuser de donner le feu vert à ce véhicule doté de portes papillon. Et si les finances le permettent, cela provoque un irrépressible désir de changer cela à l’avenir et de racheter une de ces voitures au musée.

Retour à la page d'accueil