Mali Espoir prudent pour la libération des otages

ATS

7.10.2020 - 08:10

La Franco-Suisse Sophie Pétronin a été enlevée au Mali en décembre 2016. Sa libération serait en cours (archives).
La Franco-Suisse Sophie Pétronin a été enlevée au Mali en décembre 2016. Sa libération serait en cours (archives).
Source: KEYSTONE/AP Militant Video/UNCREDITED

Un développement significatif semblait se profiler mardi au Mali dans les efforts pour libérer l'otage franco-suisse Sophie Pétronin. La libération de Soumaïla Cissé, une des plus hautes personnalités politiques maliennes, est aussi en jeu.

Une trentaine de djihadistes ont encore été sortis de prison lundi et mardi, après plus d'une centaine pendant le weekend, en relation avec les tentatives pour obtenir la libération de la dernière otage française dans le monde Sophie Pétronin et de Soumaïla Cissé. Ils seraient détenus par des islamistes armés, ont indiqué des sources proches des tractations s'exprimant sous le couvert de l'anonymat compte tenu de la sensibilité du dossier.

Au même moment, Sébastien Chadaud, le fils de Sophie Pétronin, a pris un vol via Paris à destination de Bamako, la capitale malienne, où il est arrivé en début d'après-midi. «Il a quitté discrètement l'aéroport. Actuellement, il est en ville», a déclaré une source aéroportuaire malienne.

«Il faut rester très prudent», avait estimé plus tôt dans la journée Lionel Granouillac, le neveu de Sophie Pétronin, qui s'est beaucoup employé lui aussi ces dernières années pour la libération de l'otage. «Selon des contacts sur place», Mme Pétronin «pourrait être en cours d'acheminement» pour un retour en France, a-t-il dit.

Les autorités françaises et maliennes observent un silence total sur les mouvements qui seraient en cours.

Egalement citoyenne suisse, Sophie Pétronin, 75 ans aujourd'hui, et Soumaïla Cissé, 70 ans, ancien ministre, candidat à la présidentielle et chef de l'opposition, sont supposés se trouver aux mains de groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda.

Aide à l'enfance

Leur éventuelle libération mettrait fin à une épreuve de près de quatre ans pour l'une et plus de six mois pour l'autre. Elle parachèverait une opération dont les dessous demeurent obscurs.

Sophie Pétronin a été enlevée le 24 décembre 2016 par des hommes armés à Gao (nord du Mali), où elle vivait et dirigeait depuis des années une organisation d'aide à l'enfance. Elle est apparue dans des vidéos diffusées en 2017 et 2018 par le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), alliance de groupes djihadistes affiliée à Al-Qaïda.

La dernière où on la voit autrement qu'en photo, publiée mi-juin 2018, la montre très fatiguée, le visage émacié, en appelant au président français Emmanuel Macron. Dans un document ultérieur, une photo la montre alitée.

Les images de l'otage n'ont cessé d'alarmer la famille qui la disait malade et craignait pour sa vie. Les proches se sont mobilisés sans désemparer pour sa libération, pressant à différentes reprises Emmanuel Macron et le gouvernement français ne pas oublier Mme Pétronin et d'accepter de négocier avec les ravisseurs. M. Macron a assuré plusieurs fois que les services français travaillaient à sa libération «sans relâche», mais dans la discrétion.

Soumaïla Cissé, pour sa part, deuxième à trois reprises de l'élection présidentielle, a été kidnappé le 25 mars alors qu'il était en campagne législative dans la région de Tombouctou (nord-ouest). A défaut de preuve formelle, les soupçons pèsent sur le groupe djihadiste d'Amadou Koufa, actif dans le centre du Mali et affilié à Al-Qaïda.

Spirale de violences

Soumaïla Cissé est la personnalité nationale la plus éminente kidnappée au Mali depuis que les rébellions indépendantistes et jihadistes de 2012 ont plongé le pays dans une crise sécuritaire profonde. La spirale des violences a causé, avec les tensions intercommunautaires, des milliers de morts civils et militaires, malgré le déploiement de forces françaises et internationales, et s'est propagée au Burkino Faso et au Niger voisins.

Le sort de M. Cissé a constitué un des cris de ralliement de la contestation de plusieurs mois contre l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta. Ce dernier a fini par être renversé par un putsch le 18 août. Les colonels qui l'ont déposé contrôlent la transition politique qu'ils ont eux-mêmes organisée et qui doit ramener les civils au pouvoir sous 18 mois.

Après la formation d'un gouvernement lundi, dans lequel les militaires conservent des postes stratégiques, les Etats ouest-africains ont salué mardi les «avancées notables vers la normalisation constitutionnelle» et décidé de lever les sanctions qu'ils avaient imposées au Mali après le coup d'Etat.

Au moins huit autres otages occidentaux resteraient détenus au Sahel. L'une des vidéos de 2018 dans laquelle apparaît Mme Pétronin montre par ailleurs aussi une religieuse franciscaine colombienne, une religieuse franciscaine colombienne, Soeur Gloria Cecilia Narvaez, enlevée en 2017, qui aide la Française à boire ou essuie délicatement son visage.

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