France Explosion d'un colis piégé à Lyon

ATS

24.5.2019 - 23:32

L'explosion d'un colis piégé dans une rue très fréquentée de Lyon vendredi en fin d'après-midi a fait une dizaine de blessés légers, dont une fillette. Le suspect était toujours en fuite dans la soirée.

La police a lancé un appel à témoins en diffusant la photographie du suspect, capté par une caméra de vidéosurveillance municipale. Elle montre un homme «porteur d'un haut sombre à manches longues» et «d'un bermuda clair», poussant un vélo noir. Selon une source proche du dossier, il est âgé d'une trentaine d'années. L'homme est décrit comme «un individu dangereux».

Aucune piste n'est pour l'heure privilégiée quant à son profil et ses motivations. «Le suspect est toujours recherché pour le moment», a annoncé dans la soirée la garde des Sceaux Nicole Belloubet, jugeant qu'il était «trop tôt» pour évoquer «un acte terroriste».

La section antiterroriste du parquet de Paris, saisie de l'enquête, a «ouvert une enquête pour association de malfaiteurs terroriste mais il faut attendre les résultats de cette enquête qui est actuellement en cours (...) Au vu des résultats, on pourra effectivement qualifier cette enquête», a déclaré la ministre à BFMTV.

Sécurité renforcée

Un sac ou colis, qui contenait des vis, clous ou boulons selon des sources policières, a été déposé devant une boulangerie d'une rue piétonne et très commerçante proche de la place Bellecour, au coeur de cette ville, l'une des principales de France. L'explosion s'est produite vers 17h30. La rue a ensuite été rapidement évacuée et bouclée par les forces de l'ordre.

D'après un dernier bilan fourni, 13 personnes ont été touchées par l'explosion, dont 11 hospitalisées. Toutes ne sont blessées que légèrement, dont une petite fille de huit ans, d'après le maire du 2e arrondissement de la ville, Denis Broliquier. Le maire de Lyon et ancien ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, qui se trouvait vendredi dans l'avion au retour d'un voyage au Japon, doit s'exprimer samedi matin.

Le ministère de l'Intérieur a parallèlement décidé de renforcer la sécurité des sites accueillant du public et des événements sportifs, culturels et religieux.

Le plan Vigipirate avait été ramené au niveau «Sécurité renforcée – Risque attentat» sur tout le territoire, signe d'une menace terroriste persistante après la fusillade de Strasbourg. Cette attaque avait fait quatre morts, une victime en état de mort cérébrale et 11 blessés en décembre dernier.

«Un grand boum»

«Ça a explosé et j'ai cru que c'était un accident de voiture (...) Il y avait des bouts de fils électriques autour de moi, des piles et des bouts de carton et de plastique. Les vitres étaient explosées», a témoigné Eva, une lycéenne de 17 ans encore sous le coup de l'émotion, qui se trouvait à 15 mètres du lieu de l'explosion.

«J'étais en train de travailler, de servir les gens, et d'un coup on entend un grand boum. Du coup, on descend voir pour voir ce que c'était. On pensait que c'était par rapport aux travaux», a ajouté Omar Ghezza, boulanger dans un commerce voisin.

Cette explosion s'est produite alors que la France métropolitaine s'apprête à voter dimanche pour élire ses députés au Parlement européen. Le scrutin a commencé dans plusieurs États membres depuis jeudi, dont le Royaume-Uni.

«Attaque»

Lors d'une interview avec un Youtubeur à propos de ces élections, Emmanuel Macron a déclaré qu'il y avait «eu une attaque à Lyon (...) il ne m'appartient pas d'en faire le bilan, mais a priori, aujourd'hui, à ce stade, il n'y a pas de victime. Il y a des blessés, donc je veux avoir évidemment une pensée pour les blessés, leurs familles».

Dans un tweet envoyé plus tard dans la soirée, le chef de l'Etat n'a plus évoqué d'«attaque», se contentant de déplorer «la violence qui s'est abattue» sur les Lyonnais. De son côté, le Premier ministre Edouard Philippe a annulé sa participation au dernier meeting de campagne de la majorité prévu à Paris.

«Toute la lumière devra être faite sur les circonstances de cet attentat terroriste», a déclaré Marine Le Pen. «Une nouvelle attaque ignoble sur notre sol qui rappelle la menace qui pèse sur le quotidien des Français et notre modèle démocratique», a réagi Nicolas Dupont-Aignan.

La France reste traumatisée depuis une vague d'attentats djihadistes qui a fait 251 morts depuis 2015. Le pays n'avait plus connu d'attaque au colis piégé depuis décembre 2007, lorsqu'une explosion dans un cabinet d'avocats – dont les raisons sont à ce jour restées inexpliquées – avait fait un mort et un blessé.

Retour à la page d'accueil