Ils aiment le temps doux et humide Fonte des neiges: la menace du moustique

Jeanette Bederke, dpa / fab

3.4.2018

Le printemps s'est fait un peu attendre, mais les moustiques sont déjà dans les starting-blocks. Même le froid de cette fin d’hiver n’y change rien. La grande quantité de neige tombée dans les montagnes suisses cette saison pourrait devenir un véritable problème.

Ceux qui espéraient que les longues semaines de gel permettraient de réduire le nombre de moustiques cette année seront déçus. Interrogé par «Bluewin», Peter Lüthy, spécialiste des moustiques et microbiologiste à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETH), explique: «Les œufs de moustiques sont extrêmement résistants au froid. Ils résistent facilement à des températures allant jusqu’à -10 degrés, voire moins».

Les espèces de moustiques locales sont déjà très résistantes au gel. «Grâce à une sorte d’antigel intégré, elles peuvent facilement passer l’hiver dans des pièces humides comme les caves ou les étables», poursuit Lüthy. Une raison pour laquelle il ne fera pas de pronostic à l’heure actuelle quant au nombre de moustiques cette saison.

Pas d’eau, pas de moustiques

Une idée que partage également Doreen Walther, spécialiste allemande des moustiques au Centre de recherche sur les zones agricoles (ZALF) à Müncheberg près de Berlin: «Peu importe qu’ils soient nombreux ou non à survivre à l’hiver. Les conditions météorologiques au printemps sont décisives». Les petits insectes suceurs de sang ont en effet besoin de lieux de reproduction humides pour pondre leurs œufs.

Sans eau, pas de moustiques. Et il suffit de jeter un œil dans la nature pour se rendre compte que l’eau ne manque pas en ce moment: les trous d’eau sont bien remplis dans les champs et il y a de nombreuses flaques sur les chemins. L’eau de la fonte des neiges pourrait causer un problème supplémentaire en Suisse.

«Il y a beaucoup de neige dans les montagnes cette année. Avec la fonte des neiges, combinée aux chutes de pluie, les lacs vont se remplir et les moustiques vont pouvoir se développer tranquillement à proximité des plans d’eau», affirme le microbiologiste de l’ETH Peter Lüthy. «Un tel phénomène est susceptible d’entraîner des concentrations plus élevées de moustiques, en particulier dans les zones humides du lac de Constance, du lac de Neuchâtel, de la plaine de Magadino et le long de l’Aar et de la Reuss.».

Le moustique tigre asiatique est répandu dans le Tessin

La rigueur hivernale pourrait toutefois avoir froissé le moustique tigre, très friand de chaleur. Cette espèce tropicale arrivée dans le Tessin il y a des années par le biais de moyens de transport comme les voitures, les camions ou les trains de marchandises, est porteuse d’agents pathogènes dangereux tels que le virus Zika, la dengue ou le chikungunya.

«La concentration de moustiques tigres asiatiques est déjà élevée dans le canton du Tessin et ils se déplacent lentement vers la Suisse alémanique» explique Lüthy. L’existence de ce type de moustiques aurait été strictement surveillée du côté nord des Alpes. Des sites de reproduction ont été découverts et on a tenté de les éliminer par des moyens biologiques.

Le moustique tigre asiatique s’est également répandu dans le sud de l’Allemagne. Les chercheurs de l’Institut Bernhard-Nocht de Médecine Tropicale de Hambourg (BNITM) ont pu prouver que le moustique tigre asiatique pouvait transmettre le dangereux virus Zika dans certaines conditions.

«Pour passer l’hiver, cette espèce de moustique choisit des endroits où elle n’est pas exposée au gel. Je suis curieuse de savoir comment elle a survécu aux dernières semaines», se questionne la spécialiste des moustiques Doreen Walther. Selon un atlas qui répertorie et localise les moustiques, les hivers derniers n’ont pas permis d’arrêter la propagation de cette espèce de moustiques du sud vers le nord de l’Allemagne.

Le moustique tigre asiatique est déjà très répandu dans le Tessin.
Le moustique tigre asiatique est déjà très répandu dans le Tessin.
dpa

«L’an dernier, nous avons déjà reçu des moustiques de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et même de Berlin. Nous avons vérifié ces sites, mais à ce jour, nous n’avons pas trouvé de larves», précise Walther. Entre-temps, l’atlas des moustiques s’est révélé être un système de surveillance très efficace – selon les chercheurs, presque toutes les vérifications tendant à prouver la présence de moustiques invasifs ont pour origine les envois effectués par des citoyens.

Selon Walther, des températures journalières comprises entre 6 et 7 degrés suffisent à faire sortir les moustiques des starting-blocks. Mais si le temps reste sec un moment, ils vont manquer de lieux de reproduction. «Au printemps, les agriculteurs attendent la pluie avec impatience, les moustiques aussi.» Si de surcroît, les températures sont clémentes, les moustiques vont éclore en un rien de temps. «Nous allons vite nous en rendre compte. Les piqûres devraient faire leur grand retour début mai, au plus tard mi-mai», estime la scientifique.

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