«Une part d'humanité»L'ex-chirurgien Le Scouarnec ne sollicite aucune mansuétude
ATS
26.5.2025 - 18:00
Après trois mois de procès en France, l'ex-chirurgien pédocriminel Joël Le Scouarnec, qualifié de «diable» par l'avocat général pour des violences sexuelles sur 299 personnes, en majorité mineures, a affirmé lundi ne demander «aucune mansuétude», juste le droit à «une part d'humanité», avant que la cour ne commence son délibéré.
L'ex-chirurgien, qui fait remonter les premiers «attouchements» aux années 1985-1986, a été condamné dès 2005 pour détention d'images pornographiques (archives).
AFP
Keystone-SDA
26.05.2025, 18:00
27.05.2025, 07:13
ATS
La cour, qui doit répondre au total à 841 questions, doit rendre son verdict mercredi.
«Mon client est archi-coupable», a d'ores et déjà annoncé Me Maxime Tessier, l'un des deux avocats du médecin de 74 ans, qui a pu continuer à exercer pendant des années malgré une première alerte en 2005.
L'ex-chirurgien, qui fait remonter les premiers «attouchements» aux années 1985-1986, a été condamné dès 2005 pour détention d'images pornographiques.
Signalé, sans succès, par un psychiatre du même hôpital que lui en 2006, il n'est inquiété de nouveau qu'en 2017, après la plainte d'une voisine pour exhibition sexuelle commise devant la fille de six ans de celle-ci. Une expertise confirmera un viol digital.
L'avocat général Stéphane Kellenberger a requis vendredi la peine maximale de 20 ans assortie d'une série de mesures de sûreté.
Rétention de sûreté
«Vous êtes le diable», a-t-il lancé dans son réquisitoire, estimant que malgré une défense au «travail véritablement extraordinaire», Joël Le Scouarnec était, lui, «resté au milieu du gué», tenant «en suspens (les victimes) par sa parole», croyant «qu'il les contrôle encore».
Il a notamment requis une «rétention de sûreté», «du fait des troubles graves de sa personnalité et de la dangerosité induites par ces troubles en termes de risques très élevés de récidive».
Cette mesure rare, qui concerne essentiellement des délinquants sexuels, permet de placer dans un centre unique en France un criminel après la fin de sa peine.
Me Marie Grimaud, qui représente une quarantaine de parties civiles dont Mme Lemoine, a dit espérer que «la cour ne passera pas à côté (...) du risque de dangerosité extrêmement important» de Joël Le Scouarnec.
Arrêté le 2 mai 2017, Joël Le Scouarnec purge actuellement une première peine de 15 ans de prison pour des violences sexuelles sur quatre enfants. Les forces de l'ordre ont découvert chez lui des journaux intimes dans lesquels il consigne des récits pédopornographiques ou zoophiles glaçants.
«Posture» ou «évolution»
L'étude de ses carnets, avec noms de patients et descriptions des agressions, met au jour 312 victimes âgées en moyenne de 11 ans entre 1986 et 2014, la plupart en «état d'endormissement».
«A la cour, je ne sollicite aucune mansuétude. Accordez-moi simplement le droit de devenir meilleur et de reconquérir cette part d'humanité qui m'a tellement fait défaut», a demandé l'accusé, invité une dernière fois à prendre la parole.
«Joël Le Scouarnec ne demande pas à échapper à la peine requise par l'avocat général», mais «la défense demande à la cour (...) de retenir les éléments favorables à l'accusé», notamment la reconnaissance durant le procès de l'intégralité des faits pour lesquels il est poursuivi, a plaidé Me Maxime Tessier, soulignant le caractère «exceptionnel» de ses «aveux».
Avant lui déjà, Me Thibaut Kurzawa avait insisté sur l'évolution accomplie par l'ex-chirurgien depuis son arrestation en 2017.
Il s'est fixé pour objectif «d'avancer et de réparer», a-t-il assuré.
L'accusé a habitué la cour à n'exprimer que peu d'émotions au cours de ce procès débuté le 24 février, répétant souvent les mêmes mots.
Pour Me Tessier, la «demande de pardon» répétée par l'accusé permet «d'interroger la responsabilité des institutions de santé» dans cette affaire.
Car Joël Le Scouarnec, pourtant condamné dès 2005 pour détention d'images pédopornographiques à quatre mois de prison avec sursis, avait continué sans encombre à exercer en tant que chirurgien dans différents établissements de l'ouest de la France, accumulant victime sur victime jusqu'à son arrestation.
Ni les autorités sanitaires, ni les institutions hospitalières ni les différentes instances de l'Ordre des médecins n'avaient agi pour encadrer sa pratique médicale.