Nouveau premier ministreGabriel Attal, une homosexualité assumée, mais sans militantisme
ATS
9.1.2024 - 18:47
Gabriel Attal, nommé mardi chef du gouvernement français, a évoqué à plusieurs reprises, sans tabou, son homosexualité, racontant à la télévision le harcèlement et les injures homophobes qu'il a subis à l'adolescence, une première en France pour un premier ministre.
09.01.2024, 18:47
09.01.2024, 19:21
ATS
Fin 2018, l'avocat Juan Branco, un ancien camarade de classe de l'Ecole Alsacienne, un établissement privé d'excellence à Paris, dévoile dans un livre, «Crépuscule», l'homosexualité du jeune macroniste, tout juste nommé secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale.
L'avocat révèle la relation de Gabriel Attal, alors avec Stéphane Séjourné, ex-conseiller politique d'Emmanuel Macron, aujourd'hui chef du parti présidentiel Renaissance.
Un «outing» forcé que le benjamin du gouvernement assume et dont il parle librement.
Il laisse même entendre, dans les colonnes de Libération, en avril 2019, qu'il ne serait pas contre une gestation pour autrui (GPA) «éthique», pour avoir un enfant, si c'était légal en France. Une mesure à laquelle s'est toujours opposé Emmanuel Macron.
Gabriel Attal garde certains souvenirs amers de son passage à l'Ecole alsacienne, se remémorant en novembre dernier lors d'une émission de la chaîne de télévision TF1, «un déferlement d'insultes et d'injures» homophobes sur les réseaux sociaux.
«J'avais bien compris», lui répond son père
«Les commentaires postés c'était: pédale, tafiole, tarlouze», raconte-t-il. «Je pense que c'était sur une orientation sexuelle supposée à l'époque, parce que je n'en parlais pas».
Un harcèlement qu'il tait à sa famille.
Il a révélé son homosexualité à son père en 2016, peu avant sa mort.
«Il m'a répondu: C'est maintenant que tu me le dis? J'avais bien compris. J'espère que je serai sorti (de l'hôpital, NDLR) avant la fin de la semaine. Comme ça tu pourras l'inviter au brunch dimanche», raconte-t-il au quotidien Libération. Avant de préciser que ce brunch n'a jamais eu lieu.
Le nouvel occupant de l'hôtel de Matignon n'est toutefois pas militant. «Pour ce qui est de l'homosexualité, j'ai toujours considéré qu'on pouvait l'assumer sans la revendiquer», affirme-t-il au magazine Closer en août 2019. «Je me demande si la porter comme une bannière ne contribuerait pas à en faire un truc anormal».
Pas le premier
Avec sa nomination, la France rejoint plusieurs autres pays européens dirigés ces dernières années par des hommes et femmes LGBT, à l'image d'Elio di Rupo en Belgique, de Leo Varadkar en Irlande ou encore de Xavier Bettel au Luxembourg.
En 2009, Jóhanna Sigurðardóttir était devenue en Islande la première cheffe de gouvernement ouvertement homosexuelle en Occident. Ana Brnabic occupe quant à elle le poste de première ministre en Serbie depuis juin 2017.
Au sein de la classe politique française, les choses ont également évolué depuis le coming out de l'ancien maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë à la télévision en 1998 et ces dernières années, plusieurs ministres ou députés ont fait état de leur homosexualité.
Des associations LGBT ont salué le «symbole fort» de la nomination de Gabriel Attal, tout en appelant à une politique «exemplaire» en matière d'égalité des droits.