Grande fête zouloueLe roi adoubé par le président sud-africain
ATS
29.10.2022 - 16:23
Jour de joie en pays zoulou: dans un stade de football, des dizaines de milliers de guerriers en peaux de bêtes et de femmes en perles colorées sont venus fêter leur nouveau roi traditionnel, officiellement adoubé samedi par le président de l'Afrique du Sud.
Keystone-SDA
29.10.2022, 16:23
29.10.2022, 16:27
ATS
Sur un trône en peau de léopard, coiffé d'un bandeau et d'une élégante plume sur le front, le roi Misuzulu a été béni par le chef de l'église anglicane sud-africaine, qui lui a oint le front d'huile sacrée.
«Tous vos ancêtres sont là, votre Majesté», a ensuite déclaré le président Cyril Ramaphosa, en sobre costume de ville. Il a rappelé la bravoure légendaire des Zoulous: «Pendant de nombreux siècles, cette nation courageuse a résisté aux envahisseurs étrangers».
Il lui a remis le certificat de reconnaissance officielle, saluant le nouveau roi de la monarchie traditionnelle la plus riche et la plus influente du pays. «Notre roi est désormais officiellement le roi des Zoulous et le seul roi de la nation zouloue», a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Dans la jeune démocratie aux onze langues officielles, souverains et chefs traditionnels sont reconnus par la Constitution.
1er couronnement depuis un demi-siècle
Le «couronnement», c'est le terme utilisé largement dans le pays – le premier depuis plus d'un demi-siècle et le premier depuis la fin de l'apartheid -, intervient à l'issue d'âpres querelles de succession au sein de la famille royale.
L'immense foule joyeuse chante, lance des youyous et danse. Guerriers «amaButho» torses nus, munis de lances et de boucliers, miment la guerre. Des jeunes filles seins nus, en jupettes aux couleurs vives, défilent sur la pelouse en levant haut le genou pour taper le pied au sol.
«On est contents, tellement heureux, on est derrière le roi à 100%!», clame à l'AFP Londolo Zungu, une femme de 49 ans. Toutes les chaînes sud-africaines, speakerines sur fond léopard, diffusent en direct l'événement tant attendu.
Système toujours patriarcal
Misuzulu Zulu, 48 ans, a succédé à son père Goodwill Zwelithini, décédé en mars 2021 après un très long règne qui a traversé deux décennies du régime raciste de l'apartheid avant de voir naître une démocratie multiraciale.
Le nouveau roi MisuZulu ("celui qui renforce le peuple zoulou"), reconnu rapidement par le président Ramaphosa, est né de la favorite et troisième femme du défunt roi. La première épouse a contesté la succession devant les tribunaux, qui l'ont déboutée.
Maintenant que «le gouvernement a reconnu Misuzulu comme le roi du peuple zoulou, il sera plus que protégé, la maison royale sera prise en charge, la sécurité du roi assurée», décrypte l'historien zoulou Khaya Ndwandwe.
Grande influence morale
Le titre de roi ne confère pas de pouvoir exécutif mais le monarque exerce une grande influence morale sur plus de 11 millions de Zoulous, près d'un cinquième des Sud-Africains, toujours enthousiastes pour défendre et célébrer leur culture.
Parmi les milliers rassemblés dans le stade Moses Mabhida de 85'000 places à Durban, troisième ville du pays sur l'océan Indien, figurait Mswati III, le monarque absolu de l'Eswatini voisin, qui est l'oncle du nouveau roi zoulou. Mais aussi les anciens présidents sud-africains Thabo Mbeki et Jacob Zuma.
La renommée du peuple zoulou repose originellement sur les exploits de Chaka, créateur d'une armée qui, à la fin du XIXe siècle, remporta une bataille contre l'Empire britannique.