Fondation de l'HermitageGrande rétrospective consacrée au Belge Léon Spilliaert
nt, ats
25.1.2023 - 13:29
La Fondation de l’Hermitage à Lausanne consacre une grande rétrospective à Léon Spilliaert. Dès vendredi et jusqu'au 29 mai, l'exposition «Avec la mer du Nord» réunit une centaine d'oeuvres de l'un des artistes belges les plus importants du début du XXe siècle.
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25.01.2023, 13:29
25.01.2023, 15:02
ATS
Léon Spilliaert, né à Ostende en 1881 et décédé à Bruxelles en 1946, n'est pas un inconnu à L'Hermitage. A deux reprises, la Fondation a déjà présenté ses oeuvres, six dans l'exposition consacrée à la Belgique dévoilée en 2007 et une lors de celle sur le thème de l'ombre en 2019, a rappelé mercredi la directrice de la Fondation de l'Hermitage, Sylvie Wuhrmann, lors d'une visite de presse.
Toute la carrière de l'artiste
«La fascination que suscite l'oeuvre mystérieuse, un peu inquiétante et très originale de l'artiste, nous l'explorons maintenant dans cette exposition monographique. Avec 103 oeuvres, provenant de 54 collections différentes, notre projet se démarque par son ampleur» a-t-elle poursuivi.
Réalisée presque exclusivement sur papier, l'oeuvre de Spilliaert est souvent réduite à ses premières années, marquées par le noir, l'encre de Chine. Elle est cependant d'une grande diversité. «Nous en explorons toutes les facettes et redonnons de la place à la couleur», a souligné Mme Wuhrmann.
«Une vingtaine d'oeuvres sont d'ailleurs présentées au public pour la première fois», a complété Anne Adriaens-Pannier, grande spécialiste de l'artiste et commissaire de l'exposition.
Effets de lumière
Autodidacte, formé au contact de la littérature de son temps et persuadé de son destin d'artiste élu, «Léon Spilliaert est né dans une famille bourgeoise d'Ostende, station balnéaire très en vogue au milieu du XIXe siècle», a-t-elle raconté.
De santé fragile, doté d'un caractère introverti et rêveur, ce fils d'un parfumeur remplit ses cahiers d'écoliers de dessins étranges et réinvente le monde de manière singulière. Il arpente la digue, sensible aux effets de lumière qu'il retranscrira dans ses paysages marins.
Brièvement passé par l'académie de Bruges au tournant du siècle, l'artiste développe rapidement son propre style, nourri de ses lectures (Maurice Maeterlinck, Emile Verhaeren, Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche). Il est marqué par les œuvres de James Ensor, Edvard Munch, Odilon Redon, les nabis ou encore Fernand Khnopff, relève Anne Adriaens-Pannier.
Encre de Chine
Mélangeant les techniques graphiques, l'Ostendais tisse des liens avec le symbolisme et l'expressionnisme contemporains. Il semble annoncer, dans ses paysages les plus radicaux, simplifiés à l'extrême, l'abstraction géométrique et le minimalisme. Mais «dès le début, il cherche sa propre vision de l'art», décrit la commissaire.
Jusqu'à la Première Guerre mondiale, Spilliaert utilise avant tout le lavis d'encre de Chine, l'aquarelle, le pastel et le crayon de couleur. Il déploie son talent dans des paysages d'une sobriété confinant à l'abstraction: le ciel, la mer, le contour de la digue vibrant d'une lumière sourde.
Les rares personnages peuplant ces rivages mélancoliques sont le plus souvent des femmes: une demi-mondaine au regard distant, une femme de pêcheur guettant le retour des navires, exprimant un profond sentiment d'isolement.
Autoportraits prisés
Les représentations humaines culminent avec les autoportraits particulièrement saisissants de l'artiste, «très prisés et recherchés», note l'historienne de l'art. Spilliaert y questionne autant son statut que la limite entre reflet et réalité.
Dans ses natures mortes, d'étranges flacons disposés devant un miroir et d'inquiétantes poupées se muent en compagnons silencieux de l'artiste. Pour Sylvie Wuhrmann, ces pièces sont d'une extrême modernité, mais aussi profondément enracinées dans la grande tradition flamande. «On ne peut s'empêcher de penser à Rembrandt», observe-t-elle.
Marines flamboyantes
Après 1920, Spilliaert utilise intensément l'aquarelle et la gouache. Il crée des marines flamboyantes et extrêmement lyriques, qui tendent à l'abstraction pour certaines. «C'est le point d'orgue de l'exposition», a lancé Anne Adriaens-Pannier.
Dans les années 1930 et 1940, l'artiste revient sur un sujet de jeunesse – les arbres – à l'occasion de longues promenades en forêt. Dans ces œuvres dont se dégage un sentiment de paix mêlé à de l'étrangeté et une pointe d'inquiétude, l'artiste offre des images atemporelles de la nature, fascinantes par leur composition virtuose et leur simplicité.