Faits divers Grégoire Ichou, l'homme qui chante à l'oreille des monuments

AFP

27.9.2020 - 14:27

Avec sa crypte et ses sépulcres, le Panthéon n'est pas exactement le genre de monument où l'on vient écouter des chansons. C'est là pourtant que Grégoire Ichou, ténor et guide-conférencier, s'apprête à faire découvrir l'Histoire autrement.

Du Petit Palais au musée de Quimper, en passant par la Villa Cavrois, dans le Nord, le chanteur de 30 ans séduit depuis près de trois ans monuments et musées français, avides d'innovation pour renouveler leur public.

Sa formule? Une visite guidée chantée, alliant les explications autour d'une toile ou d'une sculpture à des airs qui en sont inspirés. Une manière vivante pour découvrir ou redécouvrir des oeuvres, en les «entendant».

«C'est venu de mes deux passions, de mes deux formations (...) j'ai eu l'envie d'allier les deux», explique à l'AFP ce diplômé en histoire de l'art, musicologie et médiation culturelle.

«Chaque visiteur y trouve quelque chose de différent», ajoute-t-il. Pour certains, «c'est original, c'est plus vivant, peut-être plus émouvant de visiter un lieu patrimonial, non seulement avec des connaissances, mais avec quelque chose qui essaie de lier» intellect et affect.

Lors de la répétition générale de ses visites nocturnes au Panthéon (six dates à partir du 1er octobre), il se dirige vers le tombeau de Victor Hugo, expliquant le tournant qu'ont représenté les funérailles du grand homme dans l'histoire de ce monument national, construit à l'origine pour être l'église Sainte-Geneviève.

«Le monde aujourd'hui vous admire, groupés autour du grand cercueil», chante-t-il ensuite. La chanson, «Le baptême des bataillons scolaires», a été écrite spécialement pour le jour de la panthéonisation de Victor Hugo.

Grégoire Ichou passe de longues heures à mener des recherches, notamment à la Bibliothèque nationale de France, pour rechercher ces liens oubliés.

«Je tiens à ce que ces morceaux soient précisément liés à ma visite (pour) que ça n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe», explique le ténor qui se produit vendredi et encore pour quelques dates à la Basilique Saint-Denis et prépare des «conférences-concerts» dans le quartier des Halles ou encore des visites chantées dans le château d'Hardelot, dans le Pas-de-Calais.

- «Décomplexer le monument» -

C'est ainsi qu'il retrouve «L'Apothéose de Jean-Jacques Rousseau» et «Hymne à Jean-Jacques Rousseau», écrits à l'occasion de la panthéonisation du grand philosophe dont le tombeau fait face à celui de son rival Voltaire.

Mais si très peu de chansons sont le fruit du hasard, Grégoire Ichou tombe parfois sur des surprises qu'il ressort en anecdotes durant la visite, qui dure un peu plus d'une heure.

S'arrêtant devant les peintures grandioses sur la vie de Jeanne d'Arc signées Jules Eugène Lenepveu, Ichou explique en avoir trouvé «la traduction musicale parfaite»: l'oratorio «Jeanne D'Arc», composé par l'homonyme du peintre et son contemporain, Charles Lenepveu.

Equipé d'une tablette et d'un mini ampli portable, le ténor-guide polyglotte (cinq langues) est fier de faire connaître les morceaux qu'il exhume.

Comme cet extrait de «L'Astronome», du parolier François Lamy, qu'il chante près du pendule de Foucault, une chanson polonaise harmonisée par Francis Poulenc en l'honneur de Marie Curie – première femme panthéonisée – ou encore «Sainte Geneviève de Paris», écrite en 1893 et chantée devant un tableau représentant la patronne de Paris défendant la ville contre les Huns d'Attila.

Il est également sensible à la réverbération dans les salles qu'il parcourt. «J'aime l'idée de faire entendre le lieu aux visiteurs, non seulement à travers les morceaux mais à travers l'acoustique», dit-il.

Pour David Madec, administrateur du Panthéon, ce genre de visite chantée «décomplexe le monument». «Le Panthéon est un monument qui fait un peu peur et qui a besoin de montrer qu'il est accessible à tous», dit-il. En plus, la visite est «corona-compatible»...avec une jauge de 40 personnes au maximum.

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