Marche blanche Hommage à Alisha, harcelée et tuée par des camarades à 14 ans

ATS

14.3.2021 - 21:26

Plus de 2000 personnes ont rendu un vibrant hommage dimanche à Argenteuil, en France, à Alisha, «discrète» et «joyeuse» adolescente de 14 ans, devenue une victime de harcèlement. La jeune fille est morte noyée le 8 mars dans la Seine après avoir été violemment frappée par deux camarades.

Keystone-SDA

Les participants à la marche blanche ont rendu un vibrant hommage à l'adolescente, déjà victime de harcèlement avant le drame du 8 mars.
Les participants à la marche blanche ont rendu un vibrant hommage à l'adolescente, déjà victime de harcèlement avant le drame du 8 mars.
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Sur le parcours de la marche, les slogans «Non au revenge porn», «stop au harcèlement», «justice pour Alisha» tapissaient les murs d'Argenteuil, à 16 km au nord de Paris. Car avant le meurtre, elle avait d'abord été victime de harcèlement par ses agresseurs, âgés de 15 ans, sur le réseau social Snapchat, selon les enquêteurs.

De nombreux adolescents accompagnés pour certains de leurs parents se sont donné rendez-vous dimanche devant l'établissement où était scolarisée Alisha, point de départ de la marche blanche.

Tour à tour, ils ont déposé des bouquets de fleurs et des petits mots devant le lycée privé professionnel Cognacq-Jay. Des roses blanches jonchaient le sol.

Une bonne élève

La mère d'Alisha s'est recueillie, bouleversée. Alisha se rêvait «expert comptable», a-t-elle confié, lors d'une prise de parole, au côté du père. «Elle était très sérieuse à l'école, une bonne élève. C'est une fille formidable, serviable, en plus d'être ma meilleure amie».

Un portrait géant d'Alisha, cheveux de jais, lunettes fines et sweat vert accompagnait la marche, à laquelle participaient de nombreux élus dont la présidente de l'Ile-de-France, Valérie Pécresse.

Maeva, adolescente de 15 ans, dans la même classe qu'Alisha l'an dernier, avait revêtu un T-shirt blanc à son effigie pour «rendre hommage à une fille bien, gentille, loin des histoires».

«Le harcèlement tue»

«C'est horrible ce qui est arrivé à Alisha, on ne parle pas assez du harcèlement à l'école», a regretté Jihane, 12 ans, qui vit à la Réunion. La collégienne avait réalisé une pancarte où des lettres s'entremêlaient pour former le message: «le harcèlement tue».

Alisha a été la victime d'un guet-apens tendu par ses deux camarades le 8 mars, dans l'après-midi, sous le viaduc de l'autoroute A15, selon les premiers éléments de l'enquête révélés par le procureur de Pontoise. Dans ce lieu à l'écart des habitations, elle aurait été brutalement frappée puis jetée dans le fleuve, encore consciente.

Deux camarades de classe, un garçon et une fille, ont été mis en examen pour assassinat et placés jeudi en détention provisoire.

Les deux suspects exclus

Les relations au sein du trio scolarisé en Troisième, «trois amis au début», s'étaient dégradées, entre amourettes et «futilités» adolescentes, selon le parquet. Les choses s'étaient envenimées au point que leur lycée avait temporairement exclu les deux suspects pour le harcèlement de la victime.

Alisha avait vu son téléphone piraté et des photos d'elle en sous-vêtements diffusées sur Snapchat. Les deux mis en examen devaient passer en conseil de discipline le lendemain du drame.

«Le harcèlement ça existe à l'école», témoignait dans la marche Tayna, une adolescente, disant elle-même appeler sa mère dès qu'elle le subit.

«On essaye de surveiller les téléphones. Je parle tous les jours à mes filles, mais on ne contrôle pas tout», confiait, démunie, Sonia, élevant seule trois adolescents. «Je suis touchée, effrayée et dépassée par ce que se passe entre les ados», ajoutait anonymement cette mère, originaire d'Argenteuil.

Un comité créé

La ministre chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa a annoncé dimanche sur franceinfo que serait créé la semaine prochaine «un comité contre le harcèlement». «Aucun parent n'imagine que son propre enfant est en train de participer à un phénomène de harcèlement ou cyberharcèlement, il faut une vigilance accrue de la part des parents et pour cela il faut mieux les outiller», a insisté Mme Schiappa.

Le «cyberharcèlement doit être sanctionné plus sévèrement», a aussi déclaré dans Le Parisien de dimanche le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.