«On est ses héritiers»A Paris, Macron préside la cérémonie d'hommage à Jacques Delors
beko
5.1.2024 - 12:28
Le chef de l'Etat français Emmanuel Macron a présidé vendredi à Paris une cérémonie d'hommage à Jacques Delors, dont «l'héritage» pour l'Europe est «immense», a salué l'actuelle présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen.
Keystone-SDA, beko
05.01.2024, 12:28
05.01.2024, 15:05
ATS
L'ancien président de la Commission, père de l'euro et espoir éphémère de la gauche à la présidentielle française de 1995, est décédé le 27 décembre à l'âge de 98 ans.
Coïncidence, l'Allemagne a dit adieu vendredi à Wolfgang Schäuble, autre figure de la construction européenne décédée le même jour que Jacques Delors, à 81 ans, «un démocrate passionné» et «Européen convaincu» qui fut un artisan de la réunification et le porte-drapeau du rigorisme budgétaire promu par son pays en Europe.
«Jacques Delors ne se lassa jamais d'explorer pour réconcilier, en éclaireur, de frayer des alternatives, de bâtir des ponts», a déclaré M. Macron, lors de cette cérémonie dans la cour des Invalides en présence de nombreux dirigeants européens.
Une âme à l'Europe
Il «nous a juste passé le relais», a-t-il ajouté, célébrant les «talents de conciliateur» d'un homme «qui ne s'est jamais conformé, dans aucun des tournants du siècle, aux habitudes ni aux attendus».
A la tête de la Commission de 1985 à 1995, il a «contribué à dessiner, trait par trait», le «visage de l'Europe d'aujourd'hui», celle du marché unique et de l'euro, des accords de Schengen ou encore du programme d'échanges d'étudiants Erasmus.
Un destin également salué par les nombreux responsables invités. Il «a donné une âme à l'Europe», a résumé Ursula Von der Leyen. «Son héritage est immense».
«On est quelque part les héritiers de Jacques Delors», a glissé le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel.
Etaient également présents, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le premier ministre belge Alexander De Croo, son homologue néerlandais Mark Rutte, les présidents du Conseil, de la Commission, du Parlement et de la Banque centrale européenne (BCE).
«Intégrité»
L'aura continentale de Jacques Delors a résonné pendant la cérémonie: après la sonnerie aux morts et la Marseillaise, l'hymne national français, l'Ode à la joie, l'hymne européen, a retenti, interprétée par l'orchestre de la Garde républicaine, sous les regards de sa fille, ancienne ministre socialiste et actuelle maire de Lille (nord) Martine Aubry, et d'une cinquantaine d'étudiants Erasmus.
Un aréopage dans lequel le premier ministre hongrois Viktor Orban, chef de file du camp nationaliste, détonnait à cinq mois des élections européennes, une échéance cruciale pour Emmanuel Macron, qui se pose régulièrement en leader des «progressistes» pro-européens, alors que l'extrême droite est en tête dans les sondages en France.
Le chef de l'Etat français, qui reçoit les dirigeants européens à déjeuner au palais de l'Elysée, avait d'ailleurs invoqué, dans ses voeux du 31 décembre, Jacques Delors et son «héritage» pour appeler à faire en 2024 le «choix décisif» d'une «Europe plus forte, plus souveraine».
En France, Jacques Delors, un ancien syndicaliste, a marqué la vie politique. D'abord en cheminant avec le gaulliste social Jacques Chaban-Delmas à la fin des années 1960, pour «concilier ses aspirations de gauche avec celles d'un gaullisme qui cherchait à se régénérer», a relevé Emmanuel Macron.
Ensuite, il avait pesé de tout son poids pour que la France reste dans l'Europe en 1983, lorsqu'il était ministre de l'Economie du président socialiste François Mitterrand. Il avait alors assumé un tournant de la rigueur.
Mais le social-démocrate avait déçu son camp en renonçant à briguer l'Elysée en 1995.
Sa carrière politique avait alors marqué le pas, mais il était resté un ardent défenseur de l'Europe.
En mars 2020, il avait encore appelé les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE à plus de solidarité au moment où ces derniers s'écharpaient sur la réponse commune à apporter à la pandémie de Covid-19.