Le projet ne fait pas l'unanimité «Hudson Yards»: un quartier de luxe controversé inauguré à New York

Christina Horsten, dpa

18.3.2019

Des appartements de luxe, des boutiques haut de gamme, des écoles, des centres culturels, le tout dans une architecture de gratte-ciel des plus modernes et agrémenté de la plus haute plate-forme d’observation panoramique du monde occidental: un tout nouveau quartier est sorti de terre à New York – mais les «Hudson Yards» divisent la ville.

Comme une sorte de bec, une plate-forme en verre pointue émerge du 100e étage du gratte-ciel «30 Hudson Yards». A partir de l’an prochain, les visiteurs pourront contempler Manhattan d’une hauteur de 335 mètres - ou même grimper jusqu’au sommet du gratte-ciel, quelques mètres plus haut, avec des sangles de sécurité. A son ouverture, «The Edge» sera la plus haute terrasse d’observation panoramique en plein air et accessible au public du monde occidental, affirment les maîtres d’œuvre. Cette plate-forme en forme de pointe est d’ores et déjà l’un des détails architecturaux les plus spectaculaires des Hudson Yards, un tout nouveau quartier de New York qui a été officiellement inauguré vendredi dernier.

Le quartier est situé au bord de l’Hudson, sur la rive ouest de Manhattan, à peu près à hauteur de l’Empire State Building et près de la High Line, une voie ferrée aérienne reconvertie en parc. Les dimensions sont pharaoniques. Selon la société de construction en charge des travaux, il s’agit du projet de construction non public le plus important et le plus coûteux de l’histoire des Etats-Unis: une douzaine de nouveaux gratte-ciels de luxe conçus par des architectes de renom – certains sont déjà terminés, d’autres en partie construits, d’autres en partie planifiés – abritent ou abriteront des appartements et des bureaux coûteux où des entreprises telles que la société d’investissement BlackRock ou le géant allemand des logiciels SAP ont déjà signé des baux.

Une œuvre d’art accessible dotée de 2500 marches

A cela s’ajoutent un hôtel de luxe, une école, des restaurants et un gigantesque centre commercial. Si les visiteurs peuvent s’émerveiller et prendre des photos, les habitants n’ont guère besoin de s’éloigner pour satisfaire tous les besoins de la vie quotidienne. Le tout nouveau centre culturel et artistique «The Shed» ouvrira ses portes en avril. Au milieu du complexe de bâtiments se trouvent un parc et «The Vessel», une œuvre d’art accessible composée de 154 volées d’escaliers comportant 2500 marches que les visiteurs peuvent gravir. «Ce sera l’un des lieux publics les plus formidables de New York, a déclaré le maire Bill de Blasio. Un lieu qu’il faudra absolument visiter et gravir, un site emblématique.»

L’espace est en réalité un bien rare et coûteux sur l’île de Manhattan. Mais le projet des Hudson Yards a été rendu possible parce que les voies quittant la gare Penn Station ont été repensées. L’idée est venue après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, lorsque le maire Mike Bloomberg a voulu revitaliser économiquement le quartier bouleversé de Manhattan. La société immobilière Related Companies a été retenue à l’époque pour un milliard de dollars. Environ 20 ans plus tard, son patron Stephen Ross a concrétisé sa vision. Il entend s’installer prochainement dans un appartement de luxe dans l’un des gratte-ciels de son nouveau quartier.

Ce sera une «une ville dans la ville»

«Steve est un optimiste infatigable», a déclaré au «New York Magazine» l’ancien maire adjoint Dan Doctoroff, qui a pris part aux négociations, à propos de Stephen Ross. «Il s’est tout simplement construit une nouvelle maison. Il a 78 ans. Et il en profitera jusqu’à ce qu’il ne le puisse plus.» Le quartier des Hudson Yards serait exactement du goût des New-Yorkais, selon le maître d’œuvre Stephen Ross. «Quand vous habitez à New York, vous voulez tout avoir à portée de main.» Sa société présente les Hudson Yards comme «une ville dans la ville» et «le prochain quartier branché de New York».

La ville de New York a consenti des efforts considérables pour que les Hudson Yards deviennent une réalité, notamment en faisant construire une toute nouvelle station de métro. D’après le «New York Times», le maître d’œuvre a bénéficié de 6 milliards de dollars (environ 6 milliards de francs) d’allégements fiscaux.

Toutefois, de nombreux New-Yorkais ne partagent pas cet enthousiasme, jugeant ce nouveau quartier trop stérile, trop peu authentique et surtout trop cher, qui plus est à une époque où New York a besoin en urgence de logements abordables. Les Hudson Yards sont «la ville fantaisiste d’un milliardaire», a lancé un «New York Magazine» corrosif. «Nous avons l’impression de ne plus être à New York.»

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