Procès du «violeur de Tinder» Il attirait ses victimes en ligne avant de leur faire vivre l'enfer

AFP

17.3.2024

Un homme de 38 ans est jugé à partir de lundi devant la cour criminelle départementale de Paris, accusé d'avoir, en 2015 et 2016, violé ou agressé sexuellement 17 femmes rencontrées sur internet, où il se présentait comme un photographe à la recherche de modèles.

Surnommé par la presse «le violeur de Tinder», Salim Berrada conteste tout, admettant uniquement s'être servi de son métier de photographe comme «prétexte» pour attirer des femmes chez lui et assouvir une «addiction au sexe». (image d'illustration)
Surnommé par la presse «le violeur de Tinder», Salim Berrada conteste tout, admettant uniquement s'être servi de son métier de photographe comme «prétexte» pour attirer des femmes chez lui et assouvir une «addiction au sexe». (image d'illustration)
IMAGO/Pond5 Images

AFP

Un homme de 38 ans est jugé à partir de lundi devant la cour criminelle départementale de Paris, accusé d'avoir, en 2015 et 2016, violé ou agressé sexuellement 17 femmes rencontrées sur internet, où il se présentait comme un photographe à la recherche de modèles.

Surnommé par la presse «le violeur de Tinder», Salim Berrada conteste tout, admettant uniquement s'être servi de son métier de photographe comme «prétexte» pour attirer des femmes chez lui et assouvir une «addiction au sexe».

Aucune des femmes n'avait dit non «à quelque chose qu'il continuait à faire», a-t-il soutenu pendant l'enquête, estimant que celles ayant porté plainte avaient «regretté» a posteriori, ou s'étaient «concertées» entre elles pour l'atteindre.

«Cahier des charges» dans des fichiers Excel

Les enquêteurs ont plutôt mis en avant le «modus operandi» toujours quasiment identique et les «grandes similitudes» entre les récits des 17 plaignantes.

D'abord, la «forme d'industrialisation» du processus mis en place, avec un «cahier des charges précisément décrit dans plusieurs fichiers Excel» - phrases d'accroche, compliments, propositions et envois «en masse» de sollicitations à de potentielles modèles, en profitant de sa notoriété de photographe.

Ces femmes à qui Salim Berrada disait qu'elles étaient «uniques», sa «muse», arrivaient chez lui pour un shooting photo, se voyaient offrir de l'alcool - que beaucoup n'osaient pas refuser. Toutes décrivent ensuite une ivresse anormale et rapide, et une perte de force.

Les enquêteurs soupçonnent une «soumission chimique», des traces de drogue ou d'antihistaminiques ayant été retrouvées chez plusieurs d'entre elles - ce que Salim Berrada nie également.

Les plaignantes décrivent ensuite un brusque changement de comportement, et des rapports sexuels imposés malgré leur refus. Puis une attitude indifférente ou minimisant ce qu'il venait de se produire. Il refusait toujours d'envoyer les photos du shooting.

«Enfin l'occasion d'en débattre», disent ses avocats

«Aujourd'hui comme depuis le premier jour de cette procédure, Monsieur Berrada conteste l'ensemble des accusations dirigées contre lui», ont indiqué à l'AFP ses avocats, Mes Irina Kratz et Ambroise Vienet-Legué. «Les investigations menées ont permis de révéler de très nombreux éléments à décharge qui contredisent ces accusations», ont-ils ajouté, satisfaits que l'audience, prévue jusqu'au 29 mars, soit «enfin l'occasion d'en débattre».

Placé en détention provisoire en 2016, Salim Berrada était resté deux ans et demi en prison avant d'être relâché sous contrôle judiciaire, en 2019, avec interdiction d'exercer le métier de photographe.

Plusieurs plaignantes avaient alors signalé à la justice son «activité importante» sur les applications de rencontre.

Visé par de nouvelles plaintes, il a de nouveau été mis en examen pour viols et agressions sexuelles - cette enquête est toujours en cours. Il est retourné en prison en juillet dernier.

mdh/mat/sp