«J'ai perdu la boule»Il engage un tueur à gages pour... se débarrasser de sa femme !
AFP
11.1.2024
Un homme de 46 ans, père de quatre enfants, a été condamné à sept ans de prison mercredi à Marseille pour avoir ourdi le projet de faire tuer son épouse et faire «massacrer» son amant supposé. Un projet criminel finalement dénoncé par le tueur recruté.
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11.01.2024, 15:20
11.01.2024, 15:22
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Cette affaire, qualifiée juridiquement d'«instigation à commettre un assassinat non suivie d'effet», avait débuté de façon rocambolesque, le 29 décembre 2022: ce jour là, les policiers marseillais voient se présenter ensemble une infirmière libérale, qui vient dénoncer le projet criminel de son mari, et un homme, surnommé «Virus», qui explique avoir été recruté par l'époux jaloux pour la tuer.
Déjà connu de la justice pour des violences conjugales et une affaire d'escroquerie à l'assurance, «Virus» détaille aux enquêteurs les deux mandats criminels donnés par le mari, un commercial franco-israélien qui ne supporte pas de voir sa femme le quitter après 24 ans de vie commune.
Messages à l'appui, il explique s'être d'abord vu proposer 5'000 euros pour «massacrer» l'ex-beau-frère du mari, enseignant dans une école juive, qu'il soupçonnait sans preuve d'être son amant. Mais le projet capote après que son épouse a réussi à enregistrer ses aveux, dans lesquels il reconnaît avoir voulu «faire buter l'autre». Elle avait été mise au courant par un cousin auprès duquel «Virus» s'était ouvert des mandats criminels reçus.
L'époux change alors de cible et commandite à «Virus» l'assassinat de son épouse. Faux accident de la circulation, home-jacking qui tourne mal : plusieurs scénarios sont envisagés, des photos de l'infirmière sont remises, ainsi que l'immatriculation de son véhicule, et des repérages sont même effectués.
«Je ne dormais plus depuis trois mois, j'ai perdu la boule. Pour moi c'était un film, je me le reproche tous les jours», a reconnu le prévenu mercredi, devant le tribunal correctionnel de Marseille, estimant «mériter d'être en prison».
Dès le début de sa garde à vue, en décembre 2022, il avait avoué, parlant de son épouse : «Je voulais la faire battre à mort dans la rue».
Le mari jaloux affirme cependant s'être volontairement désisté puisque lors d'une dernière rencontre avec «Virus», près du stade Vélodrome, les deux hommes s'étaient accordés sur un code : un emoji de pouce en l'air sur le portable de «Virus» signifiait la poursuite du projet. En revanche, la phrase «bonne nuit» matérialisait un arrêt, et c'est ce second message qu'il avait adressé.
Mais «l'inexécution du contrat n'enlève pas la réalité du mandat criminel», a précisé la procureure, en demandant neuf ans de prison contre le mari : «Ce n'est pas un génie du crime. Mais s'il avait su se taire, s'il avait engagé quelqu'un qui ne connaissait pas son épouse, les deux victimes (ciblées) pourraient ne pas être là aujourd'hui».
Me Pierre Ceccaldi, avocat du mari, avait lui appelé le tribunal à «nuancer la peine», évoquant «un dérapage qui a duré dix jours, dans un contexte de pathologie psychiatrique».
En plus des sept ans de prison, le tribunal a prononcé le retrait de l'autorité parentale du mari sur ses quatre enfants et prononcé une interdiction de détenir une arme pendant dix ans.