«Je demande à mon mari...» Il étrangle sa femme malade par «amour»: un septuagénaire acquitté

AFP

30.10.2024

«Je ne suis pas un assassin»: Bernard Pallot, 78 ans, a été acquitté mercredi par la justice français, au terme d'un procès où il était accusé de l'assassinat de son épouse Suzanne, malade, qu'il reconnait avoir étranglée, pour qu'elle ne souffre plus.

Lors d'un interrogatoire, Bernard Pallot a affirmé qu'il s'agissait pour lui d'une «euthanasie» demandée par son épouse, à laquelle il était marié depuis 1969.
Lors d'un interrogatoire, Bernard Pallot a affirmé qu'il s'agissait pour lui d'une «euthanasie» demandée par son épouse, à laquelle il était marié depuis 1969.
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«Ce procès témoigne de l'insuffisance de la loi qui nous met dans des situations, nous les particuliers, difficiles», a exposé avec calme Bernard Pallot à l'issue du verdict, à Troyes. «Il faut absolument que la loi évolue», a ajouté ce frêle retraité au collier de barbe grise.

En France, l'examen d'un projet de loi sur la fin de vie, qui devait légaliser le suicide assisté, s'était interrompu juste avant le vote à quelques jours de la dissolution de l'Assemblée en juin dernier.

La cour «a fait savoir que les actes avaient été commis. C'est indiscutable. Mais qu'en revanche il y avait une excuse d'irresponsabilité, qui était la contrainte liée à la situation», a expliqué son avocat, Frédéric Verra.

«Cela paraît un peu sauvage comme méthode»

Le 11 octobre 2021, Bernard Pallot, professeur à la retraite, au casier judiciaire vierge, injecte du cyanure dans la cuisse de son épouse, dont la vie n'était selon lui «plus supportable», pour la tuer, sans y parvenir.

Alors, «dans l'improvisation», il s'empare d'un morceau de fil électrique dans le garage de leur domicile d'Isle-Aumont, qu'il lui serre autour du cou pendant une vingtaine de minutes. «Cela paraît un peu sauvage comme méthode, mais je n'avais pas le choix», a-t-il dit lors de l'enquête.

À l'arrivée des gendarmes, il déclare: «C'est moi qui ai tué ma femme». Il affirme avoir agi «par amour» et «à sa demande» pour «éviter qu'elle souffre».

«Je soussignée, Pallot Suzanne, encore saine d'esprit...»

Mais pour l'avocat général, Mickaël Le Nouy, l'accusé «a agi de façon déterminée, froide et violente». «On ne peut pas s'arroger le droit de tuer», a-t-il souligné. Il avait requis huit ans de prison.

Si l'euthanasie était légale, «Bernard Pallot n'aurait pas étranglé sa femme avec un fil électrique», a plaidé Frédéric Verra.

Suzanne Pallot, également septuagénaire, souffrait de plusieurs pathologies, notamment de la maladie de Carrington, une pneumopathie chronique, et d'ostéoporose, avec des fractures multiples.

Lors d'un interrogatoire, Bernard Pallot a affirmé qu'il s'agissait pour lui d'une «euthanasie» demandée par son épouse, à laquelle il était marié depuis 1969.

Près de son corps, un mot a été trouvé: «Je soussignée, Pallot Suzanne, encore saine d'esprit, demande à mon mari, Bernard Pallot, de me soulager définitivement des souffrances incurables que je supporte».

Le jour de sa mort, Suzanne a dit adieu à son fils unique au téléphone. Devant le juge d'instruction, ce fils a déclaré que son père avait assassiné sa mère «par amour, par compassion».