Procès au Tribunal pénal fédéral Ils ont fait sauter un immeuble à Bâle pour devenir riches et célèbres

Le procès de deux jeunes Bâlois, accusés d'avoir fait exploser un immeuble, s'ouvre mercredi devant le Tribunal pénal fédéral. Les prévenus prévoyaient d'autres attentats afin d'extorquer de l'argent à des familles aisées. Ils ont été arrêtés en Allemagne alors qu'ils tentaient d'acheter des explosifs.

Keystone-SDA, aula, ats

25.10.2023, 06:32

ATS

Les accusés voulaient gagner suffisamment d'argent avant leur 30e anniversaire pour ne plus avoir besoin de travailler. Ils voulaient aussi devenir célèbres grâce à leurs attentats. C'est ainsi que le Ministère public de la Confédération (MPC) explique les motivations des deux hommes, âgés aujourd'hui de 28 et 25 ans.

Le Parquet les accuse d'avoir placé et fait exploser une charge improvisée devant un immeuble du quartier du Bruderholz, à Bâle, durant la nuit du 29 au 30 mars 2022. L'explosion avait causé une onde de choc et une boule de feu. Des matières inflammables et explosives avaient été projetées à plusieurs mètres.

Dégâts importants

Personne n'avait été blessé mais les dégâts à l'immeuble et aux alentours s'étaient élevés à quelque 170'000 francs. La remise en état des platebandes de rhododendrons et de mahonias avait coûté à elle seule près de 17'000 francs.

Selon le MPC, l'attaque avait pour but d'intimider de riches familles bâloises afin d'obtenir au moins 1 million de francs en bitcoins. Le premier chantage ayant échoué, le cadet avait pris peur et fui en Sicile.

Quelques semaines plus tard, les deux hommes avaient repris courage. Le plus âgé avait tenté d'acquérir du plastic sur le réseau Telegram et écrit à un fournisseur présumé d'armes et d'explosifs. En réalité, il était tombé sur un compte caché de la police fédérale australienne.

Agent sous couverture

Ce soi-disant fournisseur l'avait mis en contact avec un vendeur en Allemagne. Cette fois, il s'agissait d'un policier du Bundeskriminalamt agissant sous couverture.

Croyant qu'ils allaient acheter pour 2000 euros 2 kilos de C4 et des détonateurs télécommandés par smartphone d'une portée de 40 km, les deux accusés avaient pris le train pour Stuttgart en juin 2022. Ils avaient profité d'une offre avantageuse de billets à 9 euros.

Au lieu de rendez-vous, près de la tour de la télévision, les Bâlois avaient payé la somme convenue en échange de 4 paquets de 500 grammes qu'ils pensaient être du C4 et des détonateurs. Alors qu'ils s'apprêtaient à rentrer à Bâle, toujours en train, les deux hommes avaient été arrêtés par la police allemande. Par la suite, ils avaient été extradés vers la Suisse.

Avant leur voyage à Stuttgart, les prévenus avaient mené des recherches sur de riches victimes potentielles, selon le MPC. Ils avaient aussi ouvert un compte pour monnaie virtuelle et acheté des vêtements noirs et des cagoules.

Devant la Cour des affaires pénales, les deux hommes répondent d'emploi, avec dessein délictueux, d'explosifs, de dommages à la propriété, de tentative de fabrication, de dissimulation et de transport d'explosifs. Ils sont aussi accusés d'actes préparatoires de meurtre, assassinat et lésions corporelles graves.

Le MPC présentera ses réquisitions de peines durant l'audience. Après une libération de courte durée à mi-décembre 2022, les deux accusés ont été réincarcérés juste avant Noël. Les coûts de la procédure s'élèvent à 184'000 francs à ce jour. (cause SK.2023.33)