Chine Ils racontent pourquoi ils adhèrent au parti communiste 

ATS

1.7.2021 - 09:23

Par volonté de servir leur pays, par fierté de rejoindre une élite ou par ambition: des Chinois racontent à l'AFP leur adhésion au parti communiste au pouvoir en Chine. Ce dernier fête jeudi son centième anniversaire.

Fondé en juillet 1921 par une dizaine d'intellectuels patriotiques et anti-colonialistes, le PCC s'est mué en une immense machine politique. Régnant sans partage, il compte 92 millions de membres.

Jadis surtout formé de fonctionnaires, militaires, paysans et ouvriers, le parti intègre de plus en plus de jeunes diplômés, patrons, voire d'artistes. En voici six d'entre eux.

L'ancien combattant

Su Xiaodong est né en 1954, cinq ans après la proclamation de la République populaire de Chine par les communistes. Il a rejoint le PCC à l'âge de 20 ans. «A l'époque, tous les jeunes Chinois aspiraient à entrer au parti. C'était véritablement un rêve d'une vie», raconte-t-il dans son appartement pékinois.

Après avoir manqué une partie de sa scolarité ("quelque chose d'extrêmement dommage") durant le chaos de la révolution culturelle (1966-1976), il a combattu durant le conflit Chine-Vietnam (1979).

Les réformes économiques et l'ouverture du pays à partir de 1978 ont constitué pour lui et ses compatriotes un «énorme changement idéologique» après l'ère maoïste, souligne le retraité de 67 ans.

«En tant que membres du parti, on a dû être les pionniers de cette nouvelle pensée et faire en sorte que les gens y adhèrent», explique-t-il, saluant toutefois le «pragmatisme» des dirigeants, qui ont utilisé l'économie de marché pour développer la Chine.

L'artiste

Peintre âgée de 38 ans, dont les oeuvres surréalistes représentent des figures féminines aux grosses lèvres et aux formes sexy, Yang Na a rejoint le PCC dès 2001. Entourée de son mari et de son nouveau-né, elle peint dans son atelier lumineux de Pékin des tableaux qu'elle expose en Chine et à l'étranger.

Avec son art, elle espère «faire comprendre aux gens que tous les Chinois, que tous les membres du PCC ne sont pas tous les mêmes» et que le parti affiche désormais une certaine diversité de profils.

L'ex-dirigeant tibétain

Dalong, un Tibétain âgé de 75 ans, a rejoint le PCC en 1974. Pendant trois décennies, il était le principal responsable du parti dans un village de la région sensible du Tibet (sud-ouest).

«J'ai connu la dureté de l'ancienne société [théocratique tibétaine, ndlr] et la douceur de la nouvelle société», affirme le retraité, qui vit toujours dans le même village, où il aime nourrir ses cochons et prendre soin de ses plantes.

Le directeur

Âgé de 51 ans, Chen Jian est directeur d'une entreprise publique et secrétaire du parti dans son entreprise. Sa mission en tant que membre, dit-il, est d'assurer que la compagnie se développe et apporte de l'emploi aux Chinois. Il appelle les étrangers qui jugent le PCC dictatorial à «abandonner leurs préjugés» et à «venir constater ses réalisations», notamment des «conditions de vie qui se sont améliorées de manière spectaculaire» en 40 ans.

«Les huttes d'autrefois ont laissé la place à ces grands immeubles modernes. On a troqué nos sandales en paille ou en tissu pour des chaussures en cuir», détaille-t-il.

L'étudiante

Entrée au parti en 2018, Yang Guang, 24 ans, étudie la finance à Pékin. Une fois diplômée, elle retournera dans sa province du Sichuan (sud-ouest) afin de travailler dans une banque.

Chef de sa classe, la jeune fille se dit toujours prête «à aider les autres», notamment durant l'épidémie de Covid-19, une «aspiration» qui a alimenté sa vocation à rejoindre le PCC pour «participer au développement» de la Chine.

L'historien

Historien âgé de 33 ans, Xu Jia est membre depuis 2010 et travaille pour un groupe de réflexion du PCC, où il écrit des rapports dans lesquels il analyse notamment l'histoire du parti, ainsi que ses erreurs. Issu d'une famille de communistes, rejoindre l'organisation a pour lui été «une source de motivation» pour «aller vers les autres» et «avoir davantage d'opportunité de réaliser des choses» pour son pays.

Comme les autres membres du PCC, il est passé par deux ans d'observation après sa demande d'adhésion. «Durant cette période, il faut démontrer, par tes initiatives et ta mentalité, que tu es quelqu'un qui va de l'avant, qui est un meneur», explique-t-il.

«Je ne nie pas qu'adhérer, cela aide pour trouver du travail, dans ta vie professionnelle. Mais ce coup de pouce, au final, n'est possible que si tu es un membre compétent, qui est à la hauteur».