GersImbroglio autour du château natal de d'Artagnan
ATS
15.1.2024 - 07:58
«A vendre, château de Castelmore. Dix siècles d'histoire». La demeure de d'Artagnan, héros du chef-d'oeuvre romanesque d'Alexandre Dumas «Les Trois Mousquetaires», deviendra-t-elle un musée où afflueront les touristes ou la résidence secondaire du directeur d'un géant de la distribution? Le suspense demeure entier.
15.01.2024, 07:58
ATS
Située dans le village de Lupiac dans le Gers, cette bâtisse qui a vu naître, au début du XVIIème siècle, Charles de Batz de Castelmore, dont la vie au service de la couronne de France inspirera le célèbre personnage d'Alexandre Dumas, est à vendre depuis plus de deux ans.
Ce château de 700 m2 à la façade ocre est aujourd'hui au coeur d'un duel entre les collectivités locales, qui rêvent de le transformer en centre touristique et culturel, et le directeur du géant de la distribution Auchan Retail, Yves Claude, qui a «un projet d'habitation privée» du domaine, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Les acteurs publics des environs espèrent en effet profiter de la renommée internationale du mousquetaire royal pour développer le territoire. En France aussi le héros du roman de Dumas reste populaire: 3,3 millions de spectateurs ont vu le film «Les Trois Mousquetaires», sorti au printemps, et le second volet, «Milady», à l'affiche depuis le début décembre, remplit, lui aussi, les salles.
En 2022, le département du Gers avait voulu acquérir le château situé à environ 120 km de Toulouse et évalué autour d'un million d'euros, a expliqué à l'AFP son président, Philippe Dupouy.
Originaire de la région, le premier ministre français de l'époque, Jean Castex, soutenait l'initiative. Mais celle-ci avait échoué, la propriétaire de la bâtisse en exigeant le double, sans compter d'importants travaux de rénovation à entreprendre.
En 2023, année du 350e anniversaire de la mort du mousquetaire, tombé durant le siège de Maastricht (Pays-Bas), les responsables locaux, régionaux et de l'Etat ont refusé de s'avouer vaincus. Ils ont lancé «Autour de d'Artagnan», une association visant à faire naître un projet «ambitieux» autour du fier Gascon, et fait une nouvelle proposition d'achat durant l'été dernier.
Mais une décision surprise est venue sabrer l'enthousiasme des acteurs publics: le 19 décembre, la société d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER) du Gers, a penché pour un autre choix. Cet organisme dispose d'un droit de préemption sur le château en raison des 150 hectares de terres agricoles qui l'entourent. Il s'est toutefois dit intéressé par la proposition d'achat du directeur d'Auchan Retail, Yves Claude, qui souhaite en faire sa résidence secondaire.
Projet privé
Du côté des collectivités, le coup d'épée est rude et on cherche encore la parade. Cet avis de la SAFER tombe «extrêmement mal» et est «très mal compris ici», tempête auprès de l'AFP un acteur politique local qui préfère ne pas être identifié.
«Ce serait vraiment dommage qu'un tel patrimoine tombe dans l'escarcelle du privé», déplore Muriel Abadie, élue gersoise et vice-présidente de la région Occitanie en charge du tourisme.
«Je suis surpris qu'entre un projet d'intérêt général pour notre territoire et un projet privé, aussi respectable soit-il, la SAFER n'ait pas choisi le projet d'intérêt général», a déploré le député local, Jean-René Cazeneuve.
Au conseil départemental, Philippe Dupouy s'interroge toutefois sur la solidité du projet de la communauté de communes, «à ce stade, semble-t-il, peu défini» selon lui.
Pour garder espoir, les partenaires publics du projet s'accrochent au fait que la procédure devant la SAFER n'est pas achevée, comme celle-ci l'a effectivement confirmé à l'AFP, précisant que son processus de décision était «soumis par la loi à la confidentialité». Selon une source proche du dossier, une décision définitive pourrait trancher l'affaire autour du 22 janvier.