La coulée de lave du volcan Cumbre Vieja, entré en éruption dimanche sur l'île de La Palma, dans l'archipel espagnol des Canaries, continuait mercredi d'avancer inexorablement vers l'océan Atlantique. Les habitants, impuissants, étaient condamnés à constater les énormes dégâts.
Selon un dernier bilan fourni par le système européen de mesures géospatiales Copernicus, 154 hectares de terrain et 320 bâtiments ont été détruits par la lave, dont de nombreuses habitations abandonnées à la hâte par les habitants.
Face à cette situation, les pompiers ont engagé dans la nuit de mardi à mercredi une tentative désespérée pour tenter de dévier en direction d'un ravin la coulée de lave menaçant des habitations à Todoque, l'un des villages évacués par les autorités et la dernière localité avant la côte, distante de quelque 2 km à vol d'oiseau.
«Cela ne coûte rien d'essayer», ont lancé sur Twitter les pompiers, en publiant des images d'engins de chantier s'activant de nuit devant des gravats, à quelques centaines de mètres d'une coulée de lave rougeoyante.
Au total, 6100 personnes ont été évacuées depuis le début de l'éruption, qui n'a, à ce stade, pas fait de victime. Parmi eux figurent 400 touristes «qui ont été éloignés des zones de risque» et installés à Tenerife, sur une autre île de l'archipel, ont précisé les autorités.
400 millions d'euros
Les dégâts provoqués par l'éruption, la première depuis 1971 sur cette île peuplée de près de 85'000 habitants, dépasseraient les 400 millions d'euros, selon le président de la région des Canaries, Angel Victor Torres.
Initialement, l'arrivée de la lave dans l'Atlantique, redoutée par les autorités en raison des émanations de gaz toxiques et des projections que cela pourrait provoquer, était prévue pour lundi soir, puis pour mercredi ou jeudi. Mais l'heure était désormais au doute à ce sujet.
«Nous n'avons actuellement aucune certitude quant à savoir si l'avancée (de la lave) ira jusqu'à la mer ou non», a ainsi indiqué mercredi Miguel Ángel Morcuende, le directeur de la cellule d'urgence qui suit l'éruption, pendant une conférence de presse.
La lave ne progressait désormais que d'un mètre par heure, a annoncé mercredi le président régional. «Les coulées avancent très lentement, 12 mètres en douze heures», a-t-il dit.
Le gouvernement régional des Canaries, qui a conseillé aux habitants de se couvrir le nez et la bouche lorsqu'ils sortent, a décrété un «rayon d'exclusion de deux milles marins» autour de l'endroit où est prévue l'arrivée de la lave dans l'océan.
«Une bataille de titans»
Il faut être «très prudent avec les vapeurs et les gaz qui peuvent être émis au moment de l'entrée» de la lave dans la mer, insiste David Calvo, pour qui la jonction entre l'eau et la lave va s'apparenter à «une bataille de titans».
Selon Involcan, qui a signalé mardi soir un regain d'activité sismique du volcan, l'éruption du Cumbre Vieja pourrait durer «entre 24 et 84 jours», avec à la clé d'importantes émanations de gaz et de fumées. D'après l'institut, entre 6000 et 11'500 tonnes de dioxyde de soufre sont ainsi recrachées quotidiennement dans l'atmosphère.