Procès DunandJacqueline de Quattro se dit «harcelée»
beke, ats
25.10.2021 - 14:20
Le procès de l'ancien journaliste Fabien Dunand s'est ouvert lundi à Lausanne. Celui qui accuse le groupe de construction Orllati d'atteinte à l'environnement à Bioley-Orjulaz (VD) et les autorités d'avoir couvert cette pollution conteste l'ordonnance pénale le condamnant pour calomnie et menaces alarmant la population.
Keystone-SDA, beke, ats
25.10.2021, 14:20
25.10.2021, 14:22
ATS
Présente au début de l'audience à titre de plaignante, l'ancienne conseillère d'Etat Jacqueline de Quattro s'est dit victime de «harcèlement». «Les accusations répétées et parfois graves portées à mon égard depuis près de cinq ans (ndlr: depuis 2016) ont porté atteinte à mon nom et à ma réputation», a-t-elle déclaré sous les boiseries du Tribunal de police de l'arrondissement de Lausanne.
En réponse aux conditions posées à une éventuelle conciliation, tentée en début de séance par le président du tribunal Pierre Bruttin, l'ancienne ministre cantonale a dit souhaiter que le «corbeau» cesse de lui «empoisonner l'existence» et de mettre en doute son intégrité et la crédibilité de l'Etat de Vaud. Elle a aussi demandé des excuses.
«Insulte»
«M'accuser d'avoir fermé les yeux sur les agissements illicites d'un entrepreneur est une insulte», a ajouté Jacqueline de Quattro. Elle a rappelé avoir «dénoncé ce même entrepreneur au Ministère public pour cas potentiel de pollution à large échelle» et que cette plainte avait été refusée. «J'ai même dû payer les frais de justice.» Alors qu'elle n'est pas le seul personnage politique à avoir été mis en cause par Fabien Dunand, elle a dit avoir le «courage de se défendre, contrairement à d'autres».
«Monsieur Dunand ne pense pas avoir affirmé des choses fausses et a la foi qu'il saura vous en convaincre durant ces deux journées d'audience», a répliqué l'avocat de l'ancien rédacteur en chef de 24 heures, Elie Elkaim, écartant toute conciliation. Ce qui ne constituait pas une surprise, puisqu'au moment de faire appel de sa condamnation par le Ministère public vaudois en août dernier, Fabien Dunand avait expliqué vouloir faire entendre sa version lors d'un procès public.
Il en a eu l'occasion lors des nombreuses questions qui lui ont été adressées lundi matin par le président du tribunal, par le procureur Eric Cottier, par ses deux avocats et celui de Jacqueline de Quattro, François Roux. La longueur et la précision de ses réponses ont d'ailleurs plus d'une fois agacé le président. «Nous ne sommes ni à une conférence de presse, ni à une publicité géante contre la surconstruction!» a-t-il tonné, qualifiant le procès de «pantalonnade».
Se posant en «lanceur d'alerte», Fabien Dunand a rappelé les éléments qui l'ont poussé à agir: témoignages d'anciens employés d'Orllati faisant état de «violations répétées des procédures et des règles protégeant l'environnement», photographies aériennes du site de Bioley-Orjulaz (VD) montrant l'installation d'une décharge à côté d'une zone protégée, silence et lenteur des autorités et du Ministère public. Il a donc décidé d'envoyer des lettres anonymes à des élus et des journalistes, puis de réitérer ses accusations à visage découvert cette fois.
Critiques «pas personnelles»
«Contrairement à ce que certains cherchent à faire croire, mon action n’a pas le moindre aspect privé», a déclaré Fabien Dunand. Les critiques portant sur Jacqueline de Quattro et Avni Orllati, le patron du groupe de construction, ne sont pas «personnelles». Ce dernier était présent en début d'audience mais n'a finalement pas assisté au procès car il n'a pas été retenu comme plaignant, au terme d'une discussion confuse.
Fabien Dunand a aussi été questionné sur les accusations qu'il a formulées concernant une prétendue pollution de l'eau sur le site de Bioley-Orjulaz (VD), qui lui a valu sa condamnation pour menaces alarmant la population. «Vous avez prétendu que la nappe phréatique était gravement polluée et que l'eau fournie à des milliers de ménages était impropre à la consommation. C'est grave!» lui a lancé le procureur général.
Fabien Dunand ne s'est pas démonté. Il a maintenu ses propos, invoquant des analyses de l'eau effectuées par la société spécialisée Scitec. Celles-ci auraient montré des concentrations largement supérieures aux seuils autorisés pour différents produits, dont le chlortoluron, le benzotriazole et le tolyltriazole. «Je n'ai pas raconté n'importe quoi.»
L'audience se poursuit dans l'après-midi avec les questions de la défense.