Kitsch assumé Japon: ça ressemble à un bon plat... mais c'est du plastique!

AFP

20.8.2022 - 14:17

Au Japon, présenter des plats en vitrine avec de fidèles reproductions en plastique est une habitude de nombreux restaurants. Pour une fois, des créateurs de ces objets hyperréalistes ont donné libre court à leur imagination pour une exposition au kitsch assumé.

Le patron de l'usine Iwasaki, Hiroaki Miyazawa, inspecte une reproduction en plastique d'un plat de pâtes, le 17 juin 2022 à Yokohama, au Japon
Le patron de l'usine Iwasaki, Hiroaki Miyazawa, inspecte une reproduction en plastique d'un plat de pâtes, le 17 juin 2022 à Yokohama, au Japon

Une «tour penchée de pizzas» dégoulinantes de fromage fondu, un jeu Tetris fait de poulet ou encore une crevette frite à quatre pattes trônant sur des choux râpés figurent parmi les quelque soixante créations exposées depuis cette semaine dans un centre commercial à Tokyo.

D'autres oeuvres moins farfelues soulignent plutôt l'habileté et la minutie de leurs auteurs, comme de délicats motifs ornant des rouleaux d'algues séchés entourant du riz blanc (maki). «Normalement, on doit suivre les consignes de nos clients», explique à l'AFP Shinichiro Hasata, 57 ans, l'un des créateurs représentés à l'exposition.

Mais cette fois-ci, «on peut utiliser notre imagination. On est complètement libre de décider à quoi le produit final va ressembler», savoure-t-il. Toutes les pièces de l'exposition ont été conçues par des employés de la société Iwasaki, leader au Japon des aliments en plastique fêtant cette année son 90ème anniversaire.

Moulé sur du réel

Dans une usine de cette entreprise située à Yokohama, près de Tokyo, des artisans prennent d'abord des moules d'ingrédients provenant de plats réels préparés par les clients restaurateurs.

Ils entreprennent ensuite le méticuleux travail de décorer les échantillons pour qu'ils aient l'air aussi réalistes que possible, qu'il s'agisse de gouttes d'humidité sur du verre glacé ou de subtiles meurtrissures sur la surface d'un fruit.

«Les choses fraîches sont plus difficiles à faire. Les légumes frais, le poisson frais. Les produits cuits sont plus faciles» car les couleurs sont moins compliquées, explique à l'AFP le directeur de l'usine, Hiroaki Miyazawa, 44 ans.

Un «art» utile

À part aiguiser l'appétit, les reproductions en plastique de plats peuvent aussi permettre aux étrangers de commander plus facilement si les restaurants n'ont que des menus en japonais.

L'industrie japonaise des faux aliments est toutefois en déclin, subissant notamment depuis plus de deux ans l'impact de la pandémie de Covid-19, qui a miné l'activité des bars et restaurants et fermé le pays aux touristes étrangers.

«Je pense que le nombre de restaurants présentant en vitrine des aliments en plastique diminue», estime Yutaka Nishio, un visiteur de l'exposition âgé de 52 ans. «C'est intéressant de préserver ça comme un art. C'est vraiment génial», se réjouit-il.