France Jean-Marc Reiser, meurtrier de Sophie Le Tan, face à ses juges

ATS

20.6.2023 - 10:30

Jean-Marc Reiser est de retour dans le box des accusés: le forestier alsacien, habitué des prétoires et condamné à la perpétuité l'été dernier pour l'assassinat de l'étudiante Sophie Le Tan en 2018, est jugé en appel depuis mardi par la cour d'assises du Haut-Rhin. Le verdict est attendu le 29 juin.

Le procès en appel de l'assassin présumé d'une jeune étudiante en 2018 près de Strasbourg s'est ouvert à Colmar.
Le procès en appel de l'assassin présumé d'une jeune étudiante en 2018 près de Strasbourg s'est ouvert à Colmar.
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L'accusé, le cheveu ras, vêtu d'un tee-shirt gris et d'un jean, a pris place peu après 09h00 dans le box vitré. L'homme de 62 ans connaît parfaitement son dossier pour l'avoir longuement travaillé. A l'invitation de la présidente de la cour, Christine Schlumberger, il a pris la parole pour décliner son état civil.

«C'est une blessure qui s'ouvre à nouveau, ça sera très difficile de revivre à nouveau pendant ces deux semaines toutes ces émotions», a déclaré avant l'audience Laurent Tran Van Mangh, le cousin du père de la victime. «On va revivre ce drame épouvantable, les reconstitutions... ça va être très éprouvant pour la famille.»

Question de la préméditation

Tout l'enjeu du procès se situe autour de la qualification retenue par le tribunal: y a-t-il eu préméditation comme le soutiennent les parties civiles et l'accusation ou la mort de la jeune femme est le résultat d'une «entreprise de séduction» qui aurait «mal tourné» selon l'accusé.

En 2022, la cour d'assises du Bas-Rhin avait écarté les explications de cet homme froid et imposant et l'avait condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté, jugeant qu'il avait effectivement prémédité le meurtre de Sophie Le Tan, le 7 septembre 2018.

Scie à métaux

Ce jour-là, l'étudiante d'origine vietnamienne était venue visiter un appartement à louer à Schiltigheim, au nord de Strasbourg, repéré via une annonce postée sur le site LeBonCoin. Attendue plus tard pour fêter son anniversaire avec sa famille, elle n'avait plus donné signe de vie.

Son corps n'a été retrouvé qu'un an plus tard, en octobre 2019, par des cueilleurs de champignons, tombés par hasard sur des restes humains dans une forêt à une quarantaine de kilomètres de Strasbourg.

Malgré les preuves accablantes, les traces de sang retrouvées dans son appartement, sa cave, et jusque sur une scie à métaux, Jean-Marc Reiser a longtemps nié toute implication. C'est seulement après la clôture des investigations qu'il a formulé des aveux, contestant toute volonté de tuer.

Il a juste reconnu être entré dans une phase de frustration, de colère et de rage lors du rendez-vous avec l'étudiante, et lui avoir porté des coups violents quand celle-ci repoussait ses avances. C'est cette version que Jean-Marc Reiser veut faire entendre aux jurés avec ses avocats, Emmanuel Spano et Thomas Steinmetz.

Arguments de la défense

«Il n'y a pas ce schéma que présente l'accusation d'un homme qui aurait tout prévu depuis des mois au millimètre, par des stratagèmes très élaborés, pour ôter la vie, de manière préparée et consciente, à Sophie Le Tan», soutient Me Spano. «Cette version-là nous paraît caricaturale.»

Sur les faits de violence, les avocats contestent que les coups aient été portés avec l'intention de donner la mort et rappellent que la cause exacte du décès n'a pas pu être établie.

ATS